Intervention de Nathalie Chabanne

Séance en hémicycle du 23 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Chabanne :

L'université doit remplir, vous le savez, six missions distinctes : la formation, la recherche, l'orientation et l'insertion professionnelles, la diffusion de la culture, la participation à la construction de l'espace européen et la coopération internationale. Complémentaires, ces missions n'ont cessé d'être complétées au fur et à mesure des lois.

Les enjeux contemporains évoluent, les besoins en formation initiale également ; il est donc nécessaire que les missions suivent ce même chemin et s'adaptent naturellement à ces nouveaux défis.

L'amendement que j'ai proposé et que la commission a adopté intègre la promotion sociale au nombre des missions des universités et s'inscrit exactement dans cette perspective.

Nous devons faire face aux défis présents ; mais le défi dont je vous parle, chers collègues, n'est pas forcément celui sur lesquels les experts et analystes en tous genres s'arrêtent en général. En effet, je ne vous parlerai pas de la concurrence internationale ni du classement de Shanghai. Nombreux sont ceux qui s'en occupent déjà ; je les laisse donc faire.

Je veux vous parler ici d'un autre défi que, malheureusement et cruellement, nos établissements français ne relèvent pas : celui de la promotion sociale. Chaque année, 60 000 étudiants quittent l'université sans diplôme. Or, quelle est la probabilité pour que l'un de ceux-là soit un fils d'ouvrier qui n'a évidemment pas les mêmes chances de réussir qu'un fils de cadre supérieur ?

Mais, au-delà des chiffres et des statistiques pourtant aberrantes, je veux souligner – et m'indigner face à cette situation – le manque criant de réactivité ces dix dernières années pour combler ce déficit structurel de notre système éducatif – comme si l'inégalité était devenue une fatalité, un ordre naturel, un état de fait contre lequel nous ne pouvons rien ; comme si le renoncement était devenu une règle face aux injustices et à la reproduction sociale.

En rédigeant ainsi cet article, nous offrons une chance bien méritée à nos enfants, à cette nouvelle génération, de s'armer contre le chômage par des diplômes, de s'émanciper et de construire leur avenir par leurs connaissances.

Certes, il ne s'agit que d'une mission, et certains pourront ironiquement sous-entendre que tout reste à faire – ce n'est d'ailleurs pas complètement faux. Tout reste à faire et cette loi y travaille dans son ensemble. Mais n'atténuons pas la portée de cette nouvelle mission pour autant. Soyons contraints : contraints d'organiser cette promotion sociale, contraints de donner les moyens aux universités de créer l'avenir de la nouvelle génération.

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