Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 23 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Article 13, amendement 132

Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Nous sommes passés un peu rapidement sur cette notion de parité. Plus que tous les autres secteurs, celui de l'université et de la recherche – milieux d'avant-garde qui préfigurent, comme une projection, la société que nous voulons – se doit d'être exemplaire. Ce secteur est aussi en effet pour les jeunes et les générations à venir une représentation de notre société. Or nous sommes en retard. Dans la plupart des conseils, nous avons reculé en terme de parité. De même, les études des chercheurs démontrent que le plafond de verre s'impose dès cinq ans après le début d'une carrière, à diplômes et à qualifications identiques ; après dix ans, la situation s'aggrave encore, que les femmes aient ou non des enfants. Nous avons dans ce secteur un problème que nous ne parvenons pas à régler.

Si l'on examine l'évolution des courbes filles et garçons dans les écoles d'ingénieurs, il faudrait attendre 2075, à moins d'une intervention volontariste, pour atteindre la parité. C'est un bien mauvais signe que nous donnons là. Bien sûr, cela ne saurait suffire, mais nous allons au-delà du symbole, et ce en cohérence avec toute l'action engagée dans le cadre de la loi sur la refondation de l'école de la République, pour changer les représentations des genres. Il s'agit d'une action globale dans laquelle ce gouvernement s'inscrit de façon très déterminée. C'est pourquoi il me paraît très important de défendre ce type de dispositif.

Il est infamant de penser que nous ne disposons pas des compétences nécessaires dans le vivier des jeunes femmes. Au contraire, ces compétences existent et il faut les encourager. Lorsque l'on voit de telles disparités, c'est qu'il y a besoin d'un coup de pouce politique que j'assume. La qualité sera plus que jamais au rendez-vous. Je vous renvoie à l'article d'une biologiste de grand talent, enseignant au Collège de France, qui révélait dans un entretien qu'elle doutait en permanence de ses compétences à cause de son genre. Quand, à ce niveau d'excellence, on doute encore de soi-même et de ses compétences – il ne s'agit pas du doute qui pousse à la réussite, mais bien d'un doute lié au genre au sein d'une représentation masculine –, c'est que ce domaine a besoin de volontarisme pour inverser la situation. J'appartiens à un gouvernement qui a su en faire preuve !

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