Intervention de Rudy Salles

Séance en hémicycle du 28 mai 2013 à 15h00
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

C'est la raison pour laquelle le groupe UDI a proposé plusieurs amendements sur ce texte, dont l'un a été adopté.

Notre idée est simple : la France doit conserver toute sa place dans la civilisation moderne et mondiale, sans trahir pour autant une certaine idée de la culture.

Ne vous y trompez pas : au-delà de notre amour pour notre langue, nous ne succombons pas à un quelconque angélisme. Bien au contraire, nous préparons ainsi un terreau favorable à la transformation des étudiants étrangers venus en France en ambassadeurs de la culture française et de la francophonie, au sortir de leurs études.

Pour le reste, vous souhaitez un État stratège en la matière. C'est un souhait que nous partageons, bien entendu. Mais soyons concrets : le seul critère qui vaille pour y parvenir est celui qui permet l'adaptation et l'ambition. Dans le langage de la République, cela s'appelle la liberté ; dans le langage universitaire, cela s'appelle l'autonomie. C'était le chemin ouvert dès 1968 par Edgar Faure et prolongé par la LRU de Valérie Pécresse, avec ses forces et ses faiblesses.

Mais votre texte fait clairement le choix de réduire l'autonomie des universités, notamment en accumulant les contraintes institutionnelles et administratives, et en conduisant à la disparition de spécificités pourtant indispensables à l'attractivité de notre enseignement supérieur.

Conseils académiques et regroupements des établissements participent d'une logique de structures et non de missions et d'ambitions. Là où il fallait s'ouvrir, on s'enferme derrière de nouvelles lignes Maginot et dans de nouvelles citadelles.

On ne voit pas bien l'objectif de la création de ces grands « machins » standards. Ils relèvent non pas d'un État stratège, mais d'un État sénescent, immobile, sans substance inventive ni créative, que vous incarnez si bien.

Nous allons y perdre ce qui fait la qualité des formations et des laboratoires : la liberté d'initiative des acteurs, la collégialité, la diversité qui, partout dans le monde, se déploient dans des universités de taille raisonnable où la subsidiarité est la règle.

La disparition des spécialités de masters procède de la même logique. Elle aboutit à des conséquences tout aussi inquiétantes : la standardisation et l'anonymat des diplômes, et le nivellement par le bas.

En conclusion, dans ce pays où les professeurs d'universités sont encore nommés par décret du Président de la République, la France s'engage à contre-courant de toutes les grandes organisations universitaires du monde.

Au lieu de faire le choix de la souplesse des organisations, de l'excellence et de la diversité des enseignements, elle opte pour des rigidités empilées au prétexte d'une idée de l'égalité qui in fine produira l'effet exactement inverse.

C'est pourquoi, vous l'aurez compris, le groupe UDI ne soutiendra pas ce texte.

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