Intervention de Thierry Lazaro

Séance en hémicycle du 28 mai 2013 à 15h00
Réforme du conseil supérieur de la magistrature — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Lazaro :

Madame la présidente, madame la ministre de la justice, mes chers collègues, le Gouvernement nous présente ce projet de loi constitutionnelle réformant le Conseil supérieur de la magistrature comme étant de nature, je le cite, à « assurer à nos concitoyens un service public de la justice à l'impartialité insoupçonnable, inspirant à chacun la conviction que les décisions prises ne le sont que dans l'intérêt de la loi et des justiciables ».

Cette motivation, à mes yeux hypocrite, ne manque pas de sel lorsque l'on sait que des magistrats syndicalistes s'amusent à édifier des « murs de cons », alors que ces mêmes magistrats et tous ceux qui les élisent et les soutiennent oseront faire la morale aux citoyens qu'ils jugeront demain. Où est donc cette « impartialité insoupçonnable » que prétend revendiquer ce gouvernement ?

Assurément, ce projet lénifiant composé de trois petits articles ne mérite pas la convocation du Congrès du Parlement à Versailles, dont on sait le coût pour les contribuables, car il ne résout en rien le malaise de notre justice, qui n'est plus reconnue tant elle est devenue méconnaissable, qui n'est plus respectée tant fleurissent les exemples qui la discréditent !

Osons avoir le courage de le reconnaître et de le dénoncer : cette justice-là, qui est censée rendre ses décisions au nom du peuple français, n'a jamais été aussi éloignée de nos concitoyens et n'a jamais été aussi peu respectée tant elle a perdu en respectabilité.

Pour avoir été membre de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire dite d'Outreau et avoir pu mesurer, comme tant d'autres, les conséquences d'un effroyable enchaînement de fautes judiciaires, je regrette que le projet qui nous est présenté aujourd'hui ne tire aucun enseignement des échecs de ce drame et de tous ceux que les médias relatent régulièrement.

Je ne compte plus les exemples de cette faillite judiciaire que constatent nos compatriotes, qui n'en peuvent plus de ne pas être entendus et en ont assez d'être ballottés par des fonctionnaires de justice qui, parfois, les regardent à peine.

Que dire d'une justice qui n'applique pas certains textes, comme le constatent à leurs dépens tous ces pères désemparés contraints de prendre d'assaut des grues ou des clochers pour crier leur douleur d'être privés de leurs enfants, alors que la résidence alternée est possible depuis plus de dix ans ?

Que dire d'une justice qui pratique assidûment le culte de la détention provisoire…

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