Intervention de Christophe Guilloteau

Séance en hémicycle du 29 mai 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Guilloteau :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre de l'intérieur, monsieur le ministre de la défense, madame la présidente de la commission de la défense, mes chers collègues, on pouvait avoir des inquiétudes, suite au rang qui a été donné, il y a un an, au ministre de la défense.

Nous avons pris acte de la décision du Président de la République d'établir un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Par son histoire, sa culture, ses idées, la France a toujours occupé une place de premier plan sur la scène internationale. Le contexte géopolitique actuel rend encore plus présente la nécessité de défendre les valeurs de liberté et de démocratie qui sont les nôtres. La stratégie de défense que nous choisirons aujourd'hui dessinera la France dans laquelle nous vivrons demain.

« La France a besoin d'une défense forte pour rester ce qu'elle est, un pays indépendant. » Souhaitons donc que ces mots prononcés par le Président de la République lors de la présentation du Livre blanc, vendredi 24 mai, devant les auditeurs et responsables de l'Institut des hautes études de défense nationale, ne se limitent pas à de nobles intentions. J'en profite pour saluer les auditeurs de cet institut, présents dans les tribunes, et plus particulièrement le comité 4, ainsi que son président, M. Nour-Eddine Zanouda.

Membre de la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, j'ai pris toute ma part à ce travail de collaboration avec mes collègues parlementaires, les représentants de l'État, les militaires, ainsi que des experts indépendants, afin de définir la stratégie de défense française pour les années à venir. Cette entreprise commune aura été riche d'échanges et de débats de qualité avec les principaux acteurs de la défense française et européenne. Je regretterai cependant le manque de coordination finale et les difficultés d'agenda du maître d'oeuvre qui auront retardé la publication de nos travaux. Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour remercier ceux qui ont dû finaliser ce document de travail.

L'objectif premier de notre politique de défense est de préserver la souveraineté de notre pays et d'assurer la sécurité de nos concitoyens à l'intérieur et à l'extérieur de nos frontières. Je l'évoquais précédemment, les évolutions économiques et géostratégiques survenues au cours des cinq dernières années – crise financière, printemps arabes, terrorisme – nécessitent une adaptation de notre stratégie de défense au regard de ces nouveaux enjeux.

Néanmoins, force est de constater que la ligne directrice de ce nouveau Livre blanc maintient et renforce les préconisations déjà établies par le précédent.

C'est le cas, en premier lieu, de la notion de sécurité nationale, apparue pour la première fois en 2008, et qui revêt aujourd'hui un caractère particulièrement important puisqu'elle prend en compte la diversification des risques et des menaces pesant sur notre pays, notamment les risques imputables aux acteurs non étatiques.

Ensuite, nous constatons que les cinq grandes fonctions stratégiques identifiées en 2008 et développées dans le chapitre VI du Livre blanc, à partir de la page 69, restent pleinement valables. Les missions classiques de dissuasion et d'intervention sont évidemment essentielles, mais je souhaiterais insister tout particulièrement sur les fonctions de connaissance et d'anticipation, et par là même de prévention des conflits, qui nécessiteront de mettre à disposition de nos armées de nouveaux moyens de défense.

Le développement de nouvelles formes de risques et de menaces auxquels nous sommes confrontés – terrorisme, cyber-menaces, crime organisé, prolifération nucléaire – nous amène à repenser globalement notre stratégie de défense, qui doit s'inscrire aujourd'hui dans le cadre de l'alliance atlantique et de notre engagement dans l'Union européenne. Nous y prendrons toute notre part, sans perte d'indépendance. C'est le chapitre V.

Je me réjouis du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN, qui ne suscite plus de craintes de la part de nos collègues socialistes. Je me rappelle de certains propos de M. Fabius à cette tribune le 17 mars 2009, qui considérait que cette réintégration était « contraire aux intérêts de la France ». Non, la voix de la France ne s'est pas « banalisée » au sein de cette organisation.

J'ajouterai que c'est conjointement avec nos partenaires européens que cette organisation doit travailler à des solutions adaptées aux multiples risques et menaces auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés. Avec mon collègue Philippe Nauche, j'étais présent ce matin à Bruxelles, dans le cadre de la mission d'information de cette assemblée sur l'opération Serval. Les responsables de la politique de défense européenne nous ont fait savoir qu'ils attendaient beaucoup du Conseil européen du mois de décembre.

Compte tenu de ses capacités, la France devra d'ailleurs jouer un rôle moteur dans la poursuite du développement de la défense européenne. À ce titre, on peut citer le conflit malien, dans lequel la coopération européenne aurait pu être encore améliorée. Car, si nos partenaires ont été au rendez-vous dans l'organisation logistique du conflit, nous aurions pu trouver là l'occasion de mutualiser nos unités de combat.

Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale consacre une large part à l'exposé de la situation géopolitique internationale et il a le mérite de dégager des zones d'interventions prioritaires : l'Europe, la Méditerranée, l'Afrique du Nord et l'Afrique subsahélienne.

Face à ce constat, et après avoir défini une stratégie de défense au service des objectifs que nous nous sommes fixés, la question essentielle qui se pose aujourd'hui à nous reste celle des moyens que nous souhaitons mettre en oeuvre pour servir nos ambitions et conserver l'autonomie de nos armées. Autrement dit : vers quel format d'armée voulons-nous nous diriger ?

Dans un contexte budgétaire contraint, et devant la nécessaire obligation de rétablir l'équilibre de nos comptes, le Livre blanc fixe le budget de la défense à 364 milliards d'euros sur la période 2014-2025, et à 179 milliards d'euros pour les années 2014 à 2019, période couverte par la prochaine loi de programmation militaire. Soit une stabilisation du budget annuel actuel.

Or, si nous voulons conserver notre autonomie stratégique, nous devons adapter notre outil de défense aux contraintes des conflits modernes, c'est-à-dire investir dans les nouvelles technologies nécessaires aux activités de renseignement et de lutte contre les cyber-attaques, mais aussi moderniser et accroître la capacité de nos matériels existants.

Comme l'a annoncé le Président François Hollande à l'IHEDN, on s'achemine vers l'achat de drones de surveillance et de combat, d'avions de transport A400M et de ravitaillement en vol MRTT, de missiles anti-navires ou encore de frégates multi-rôles FREMM et de véhicules blindés VBMR, sans stopper les programmes déjà lancés de Rafales, d'hélicoptères de combat Tigre et d'hélicoptères de transport. Espérons que ces engagements seront tenus, monsieur le ministre de la défense.

Pour cela, et dans un contexte de forte concurrence internationale, le soutien de notre industrie de défense doit rester un axe prioritaire pour notre pays, parce que notre industrie de défense est l'une des meilleures au monde, parce qu'elle est source d'innovation en matière de recherche et de hautes technologies, parce que son poids dans notre économie est considérable. Elle représente en effet 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont un tiers à l'exportation, et 165 000 emplois directs et indirects.

Pour conclure, j'évoquerai les femmes et les hommes qui ont choisi de mettre leurs vies au service de la France et dont je tiens à saluer le courage et le dévouement. Malheureusement, dans le cadre budgétaire énoncé, l'une des variables d'ajustement reste les effectifs humains. Sur la période 2014-2019, c'est la suppression de 34 000 postes qui est prévue. Dans un tel contexte, le groupe UMP restera particulièrement attentif et vigilant quant aux mesures à prendre afin de favoriser l'accompagnement social, humain et économique de ces personnels civils et militaires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion