Intervention de Huguette Bello

Réunion du 22 mai 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

La Réunion connaît un problème rarement évoqué, même si deux rapports au moins ont déjà été remis sur le sujet, dont celui du préfet Jean-Marc Bédier, concernant l'emploi dans la fonction publique des personnes originaires des outre-mer. Selon certaines statistiques, entre 2001 et 2012, 25 000 métropolitains seraient venus travailler à La Réunion tandis que 28 000 Réunionnais résideraient dans l'hexagone.

Nous manquons aujourd'hui des moyens de vérifier les diplômes des premiers. Or, ces moyens existent : il faut les mettre en place.

Autrefois, les fonctionnaires en poste à La Réunion, notamment dans l'éducation nationale, étaient en grande partie des natifs de l'île, qui est aussi le département français où l'on parle le plus le créole. Il faut en tenir compte dans l'enseignement dispensé aux tout petits si l'on veut lutter plus efficacement contre l'illettrisme qui frappe aujourd'hui 120 000 personnes à La Réunion.

L'Institut départemental de préparation aux concours de la fonction publique doit être mieux outillé et bénéficier à davantage de ressortissants de l'île.

Dans le secteur privé de la santé, on fait venir des infirmières et des aides- soignantes de Belgique et d'autres pays européens alors que nous pourrions les former et les recruter au sein de la population locale. De telles injustices, qui font coexister deux sociétés distinctes et entraînent une certaine ségrégation, sont de nature à susciter des troubles. On le vérifie encore plus à Mayotte.

Il est regrettable qu'en la matière, la France ultramarine paraisse en retard sur des pays comme la Malaisie, les États-Unis et l'Afrique du Sud.

On ne peut continuer ainsi à désavantager les diplômés de nos régions, ce qui provoque beaucoup d'émoi et parfois même des drames.

Dans l'hexagone, on confie souvent aux ultramarins, y compris dans l'éducation nationale, les postes de travail les plus difficiles ou les moins intéressants. On croirait parfois être revenu aux années soixante quand on faisait venir des travailleurs d'outre-mer pour remplir les tâches dont ne voulaient pas les hexagonaux.

Une France soucieuse de l'égalité des droits, de surcroît avec un gouvernement de gauche, ne saurait supporter que perdurent de telles discriminations.

Alors que des parents consentent aujourd'hui des sacrifices importants pour que leurs enfants franchissent les barrières sociales et acquièrent une formation professionnelle, ceux-ci ne trouvent d'emploi qu'en venant dans l'hexagone. Si certains le font parce qu'ils le souhaitent librement, beaucoup d'autres le font par contrainte économique.

La région Réunion incite ses jeunes à poursuivre des études au Canada mais ceux-ci ne peuvent ensuite revenir travailler chez eux faute d'équivalence des diplômes. Comme au temps de l'Union soviétique, quand on allait faire, à Moscou, des études de médecine ou d'ingénieur et qu'on ne pouvait ensuite exercer chez soi le métier correspondant. On se prive ainsi de talents. Or, La Réunion a besoin des siens.

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