Intervention de Annie Genevard

Séance en hémicycle du 3 juin 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

L'institut Montaigne a pour ambition de vaincre l'échec scolaire. Si cette ambition est de droite, alors je la revendique volontiers ! Le terme « vaincre » n'est d'ailleurs pas trop fort, car c'est bien d'une guerre qu'il s'agit !

Non seulement ces propositions ne sont pas suivies, mais ce sont parfois des dispositions exactement inverses qui sont prises. Ainsi, alors que l'institut Montaigne préconise d'intégrer la dernière année de maternelle dans l'école élémentaire, vous faites de la maternelle un bastion disjoint de l'école primaire. Quand l'institut Montaigne conseille de prendre réellement en charge les élèves en difficulté, vous supprimez l'aide individualisée – et, pire, les évaluations nationales. Quand il préconise de sélectionner et de former des directeurs d'école de qualité exerçant un réel pilotage de leur établissement, vous leur réservez dans votre loi une portion congrue : ils n'ont quasiment aucune autonomie.

Pourquoi ne pas vous inspirer de ce qui marche ailleurs, au Canada par exemple ? En première lecture, j'ai déjà évoqué l'expérience canadienne, qui me paraît intéressante : une plus grande décentralisation, un binôme enseignant-éducateur – un peu à la manière des Apprentis d'Auteuil, des professeurs bien payés, mais qui font davantage d'heures. Bien sûr, tout n'est pas intégralement duplicable mais on ne fera rien de nouveau, rien de mieux, avec les vieilles méthodes qui ne marchent plus. Il faut, comme le dit l'institut Montaigne, « une révolution copernicienne ».

C'est de tout cela, monsieur le ministre, que nous avons envie de reparler en commission. Nous devons examiner sérieusement les préconisations de la Cour des comptes pour une autre gestion des enseignants, qui ferait que ceux-ci se sentiraient mieux devant leurs élèves et ces derniers, mieux dans leurs écoles. Nous n'avons pas épuisé le sujet. Je dirais même que nous ne l'avons pas vraiment abordé.

Comment comprendre que vous minimisiez ce qu'on appelle « l'effet maître », dont vous n'avez même pas voulu reprendre l'expression dans votre projet de loi ? Cet « effet maître » que Montaigne – celui des Essais, pas l'institut ! – évoquait admirablement par cette formulation résumant le lien si particulier de l'élève et de son professeur : « parfois lui ouvrant le chemin, parfois le lui laissant ouvrir ».

Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, nous pensons qu'il y a largement matière à un renvoi de ce texte en commission.

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