Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 4 juin 2013 à 21h30
Refondation de l'école de la république — Article 1er et rapport annexé, amendements 250 270

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

La finalité de l'école, je crois que nous partageons cette idée, est d'éduquer à la liberté. Ce principe figure d'ailleurs dans nombre de nos textes officiels. L'idée même de renoncer à la liberté de l'individu ne fait pas partie du projet républicain.

La liberté, c'est le contraire du déterminisme, d'où qu'il vienne. C'est donc donner à chacun la possibilité de construire son autonomie. Cela ne veut pas dire qu'il faut s'arracher à la famille, mais à tous les déterminismes, quels qu'ils soient. C'est le projet évident de l'école républicaine, et je croyais que vous étiez attachés à cette liberté. Donc, il n'y a aucune ambiguïté sur cette question.

Il n'y en a pas davantage sur la question que vous semblez trouver subtile – je me demande toujours pourquoi – de savoir si la famille est le « premier » éducateur. Le terme peut trouver deux acceptions. D'abord il peut d'entendre au sens de la genèse, du temps. De ce point de vue, les parents sont bien entendu les premiers éducateurs. Ensuite, du point de vue de la responsabilité, les parents ne le sont pas d'abord, mais ils le sont tout le temps, jusqu'à l'âge de la citoyenneté de l'élève. Personne ne conteste cela.

Il y a des moments où l'enfant relève de l'éducation de la famille, ce que personne ne conteste et que nous devons favoriser et encourager dans les temps difficiles que nous connaissons, et d'autres où il relève de l'école. En la matière, il faut non pas chercher encore à diviser, à polémiquer ou à vouloir créer des subtilités douteuses, mais au contraire réunir les professeurs et les familles de telle sorte que les familles puissent aider les professeurs à accomplir leur tâche – c'est un vrai sujet pour l'école d'aujourd'hui – et inversement que l'éducation nationale puisse aider un certain nombre de familles. Voilà quelle est notre idée de la coéducation.

Personne ne conteste la primauté temporelle, la responsabilité, l'éducation due à la famille, mais nous souhaitons associer plus étroitement les familles à la coéducation que nous essayons de promouvoir.

Tant en matière de déterminisme que de famille, il se peut que vous cherchiez sans cesse des polémiques et des divisions, mais cela s'oppose à l'idée de la famille telle qu'elle est présente dans la République depuis deux siècles. On doit donner à chacun dans la famille ce dont il a besoin. Cette idée devrait vous inspirer. C'est un grand principe de justice, qui avait été évoqué autrefois : à chacun selon ses besoins – c'est une métaphore de la famille dans le champ politique.

Tout à l'heure, on a évoqué la question de la théorie du genre, et maintenant c'est celle de la famille et du déterminisme qui est abordée. Alors, ne voulez-vous donc pas lutter contre les discriminations ? J'espère que si. Êtes-vous pour les déterminismes ? Je vous réponds qu'il faut s'arracher à ces déterminismes et j'espère que vous êtes, comme moi, pour la liberté. Êtes-vous contre la coéducation ? Je pense que non. Évitons donc les débats qui ne vont pas dans le sens des progrès que nous devons accomplir.

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