Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 4 juin 2013 à 21h30
Refondation de l'école de la république — Article 1er et rapport annexé, amendement 392

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

C'est un sujet très important et il ne faut pas faire de caricature, dans un sens ou dans l'autre.

L'une des grandes difficultés que nous avons à résoudre – c'est l'objet de la reconquête du temps scolaire – est que nous avons trop privatisé le temps d'apprentissage. Nous l'avons donc trop livré aux inégalités sociales et culturelles qui existent dans la société. Cela explique, et nous le verrons dans les résultats des tests, qu'outre notre problème de niveau global, il y en a un autre qui est très préoccupant : l'accroissement des inégalités dans notre système éducatif. Ce doit être pour nous un signal d'alarme permanent, et c'est au coeur du travail que nous essayons de faire dans cette loi de refondation.

Si l'on se penche sur cette question – fort ancienne en pédagogie – de l'accroissement des inégalités, l'on se rend compte que, parmi différents facteurs, la privatisation du temps des apprentissages, qui entraîne donc des inégalités sociales et culturelles très fortes, fait que notre système est l'un de ceux qui garantissent le mieux la reproduction, évidemment, des milieux les plus favorisés, mais aussi la reproduction des milieux d'enseignants.

On se dit que c'est une fatalité, mais il n'en a pas toujours été ainsi chez nous, et cela ne se passe pas comme cela chez d'autres ! Nous devons donc veiller à ce que le temps non seulement de la leçon magistrale, mais aussi de l'apprentissage, c'est-à-dire de l'exercice, de l'appropriation par l'élève, soit comme autrefois inclus dans le temps scolaire.

Chacun fera ce qu'il veut chez lui, et tant mieux. Ce n'est pas mon souci. On n'interdira jamais à personne de lire une récitation ou de regarder un cahier ! Le problème, c'est de donner à nos enseignants des directives claires pour atteindre nos objectifs – lire, écrire, compter. Cela s'apprend par l'exercice, dans le temps scolaire.

Vous avez posé une question juste : si rien n'a changé depuis 1956, c'est parce que l'on n'a pas donné de consignes assez claires. Je le ferai, dans la perspective de cette réforme qui concerne le temps scolaire et le temps éducatif, sans parler de tout le reste.

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