Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 5 juin 2013 à 15h00
Refondation de l'école de la république — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Madame la présidente, monsieur le ministre de l'éducation nationale, madame la ministre déléguée chargée de la réussite éducative, monsieur le président de la commission des affaires culturelles, monsieur le rapporteur, chers collègues, ce projet de loi pour la refondation de l'école est un premier pas, mais c'est un grand pas. Il marque une rupture avec dix années de politique éducative qui ont fait de l'école un lieu d'inégalités, de compétitions et de répressions. L'école s'était égarée : elle avait rompu avec sa fonction républicaine et n'était plus l'institution assurant notre cohésion sociale. Ce texte lui permet de renouer avec sa mission et se rapproche ainsi de l'idéal qu'elle porte. C'est déjà beaucoup !

Plusieurs mesures phares illustrent ce changement de cap.

Ce texte restaure la formation initiale des professeurs. Il réaffirme que l'école est le lieu où il faut apprendre à apprendre, même si j'aurais aimé que cette compétence essentielle soit écrite dans la loi. Il inscrit dans celle-ci, et pour la première fois, que les enseignants doivent être formés à la prise en charge des élèves en situation de handicap.

Ce texte accorde la priorité au primaire et permet une scolarisation dès deux ans.

Ce texte transforme nos modèles d'orientation et d'évaluation, pour que la stigmatisation de certains laisse place à la réussite de tous.

Enfin, ce texte pose les fondations d'une école décloisonnée, ouverte sur de nouveaux contenus et de nouveaux acteurs, notamment en y associant pleinement les parents.

Je veux saluer la démarche qui a guidé l'action du Gouvernement tout au long de cette séquence parlementaire : une démarche d'écoute, d'échange et d'élaboration collective. Je souhaite également souligner la qualité des débats en commission et en séance, tant avec nos collègues de la majorité qu'avec l'opposition. Lorsque les écologistes ne partagent pas la vision et l'ambition du Gouvernement sur un texte, ils l'assument et le disent – le récent débat sur l'enseignement supérieur et la recherche l'a d'ailleurs rappelé. Mais lorsque la majorité s'enrichit du pluralisme qui la compose, c'est le travail législatif qui en sort grandi. Il faut savoir s'en féliciter.

Au temps de l'élaboration de la loi succédera celui de son application. Il faudra alors être très attentif, car de nombreux rendez-vous nous attendent. Parce que notre rôle de parlementaires ne se limite pas à l'hémicycle, nous devons aussi porter cette refondation dans nos circonscriptions et veiller à sa bonne réalisation.

Il faudra ainsi s'assurer des modalités d'application de la réforme des rythmes scolaires. C'est l'un des enjeux majeurs de cette réforme.

Il faudra aussi être vigilant à la réalisation des projets éducatifs territoriaux, ou PEDT, dont le rôle est désormais reconnu. L'école telle que nous la voulons, plus inclusive et plus adaptée aux réalités locales, doit prendre en compte les spécificités territoriales. Ces PEDT garantissent des parcours scolaires adaptés, des temps éducatifs structurés et une meilleure articulation des activités scolaires, périscolaires et extrascolaires, en complémentarité et en incluant une pluralité d'acteurs : enseignants, éducateurs, parents, associations et collectivités. Ils sont un formidable outil de lutte contre les inégalités scolaires et d'ouverture du monde éducatif. Nous devons nous en féliciter.

À ce titre, je regrette beaucoup que le texte ne soit pas plus incitatif sur la question des PEDT. À l'heure où des résistances se font jour sur leur mise en place, le dialogue sur le terrain se serait enrichi utilement de précisions que nous souhaitions inscrire dans l'annexe.

Enfin, parce qu'elle est un premier pas, cette refondation de l'école appelle d'autres débats. Nous devons notamment aller plus loin dans notre réflexion sur les programmes en prolongeant la dynamique amorcée en matière de contenus, en renforçant les innovations pédagogiques et en rompant avec des modèles d'évaluation dépassés.

Le métier d'enseignant doit également être repensé pour être adapté à l'école du XXIe siècle. Il doit être revalorisé pour attirer des jeunes motivés et compétents. Il faudra d'ailleurs continuer à travailler sur la question de la formation continue, du concours et du prérecrutement.

Enfin, nous devons commencer à porter la réforme que le secondaire mérite et attend ; je pense notamment à la réforme du baccalauréat. Car la refondation de l'école et de l'éducation donnée à nos enfants ne sera réelle que lorsque les collèges et les lycées en auront eux aussi bénéficié.

Les thèmes de réflexion sont multiples. Lors de ces nombreux prochains rendez-vous, les écologistes porteront une fois encore des mesures fortes, cohérentes et ambitieuses pour notre système éducatif.

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