Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 13 juin 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur l'immigration professionnelle et étudiante et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Pour en revenir au sujet qui nous occupe, je voudrais relever quelques points qui me semblent centraux dans la réflexion. Tout d'abord, s'agissant de l'immigration étudiante, on constate qu'en trente ans, le nombre d'étudiants étrangers présents sur notre territoire a augmenté de 40 %. Se pose, alors, une question : était-il indispensable d'imposer des cours d'anglais à ces étudiants venus chez nous pour se former ? Je ne le pense pas, contrairement au Gouvernement qui a écouté cette préconisation de l'OCDE, organisation néolibérale, s'il en est !

J'ajouterai, enfin, que 80 % de ces étudiants sont extra-communautaires. Comment explique-t-on qu'à l'heure où l'Europe encadre chaque étape de notre vie quotidienne, moins de 20 % des étudiants étrangers inscrits en France soient d'origine communautaire ?

Concernant l'immigration professionnelle, je n'ai pas trouvé de statistiques sur le ratio Européens-extra-communautaires. J'ai peut-être mal cherché parce que le rapport est assez précis et, à mon avis, très bon. À mon sens, à partir du moment où l'on fait de l'Union européenne un grand marché des personnes et du travail, il est nécessaire d'amplifier au maximum la part des immigrés intracommunautaires, indicateur de rayonnement de la France dans son hinterland naturel qui est le vieux continent. Il y a sans doute un effet d'optique, car les règles ne sont pas les mêmes, donc la comptabilisation diffère. Mais poser cet objectif serait, à mon avis, un symbole et un signe.

Nous ne devons pas nous limiter à l'aspect quantitatif. Il nous appartient de déterminer les professions et les qualifications dont notre pays a besoin et non de constater, sans réelle réflexion, une immigration. Comme il l'est précisé dans le rapport, la Nouvelle-Zélande a soumis la délivrance de visas professionnels à des conditions très précises : avoir entre vingt et cinquante-six ans, parler l'Anglais, satisfaire aux normes de santé et faire état de compétences rares sur le marché du travail national en obtenant un certain nombre de points. Il me semble que la mise en place d'un dispositif similaire et adapté ne serait pas superflue pour cibler les besoins et métiers sous tension et, ainsi, mieux gérer nos flux migratoires. Nous pourrions également nous inspirer de critères retenus par d'autres pays, comme, par exemple, les besoins des employeurs. De toute évidence, en effet, le manque d'articulation entre l'éducation, les employeurs et l'immigration est un problème pour notre pays. Nous pouvons, de ce point de vue, nous inspirer de du projet auquel j'ai eu l'honneur de participer dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, projet consistant à développer des formations transméditerranéennes. Ainsi, après avoir fait sa première année au Maghreb et sa deuxième année en France, un étudiant reviendra dans son pays d'origine. On pourrait également associer les grandes entreprises françaises en leur demandant de cofinancer ces formations. Cela permettrait d'ajouter un dernier module permettant à l'étudiant qui l'aurait suivi d'être embauché par la grande entreprise qui l'a parrainé dans le pays dont il est originaire. Cela faciliterait ainsi le retour de ces étudiants.

Le temps me manque. En conséquence, je ne développerai pas, à mon grand regret, les autres points.

Tous ces arguments ne doivent pas se cantonner à un réflexe égoïste. Nous devons nous fixer comme objectif le codéveloppement en Afrique, notamment. Pourquoi ne pourrions-nous pas augmenter l'aide publique au développement et la porter à 1 % du budget en instaurant des quotas, selon les compétences dont nous avons besoin, pour les pays les plus défavorisés, lesquels pourraient, eux aussi, former leurs élites dans notre pays ?

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