Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 13 juin 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur l'immigration professionnelle et étudiante et débat sur cette déclaration

Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Un point également sur l'accueil des étudiants syriens. Avec Laurent Fabius et Manuel Valls, nous sommes très attentifs à la situation de ces étudiants qui fuient aujourd'hui un pays ensanglanté par une guerre civile très rude. La conférence des présidents d'université – je salue avec un peu de retard, car il nous a quittés, son vice-président en charge de l'action internationale, qui a assisté à la presque intégralité du débat de cet après-midi – m'a assurée de son engagement pour favoriser l'accueil du plus grand nombre possible de ces étudiants, en tout cas de tous ceux qui peuvent être habilités à suivre des études et surtout à les réussir, parce qu'il n'est pas question d'accueillir des étudiants qui n'auraient pas un parcours de réussite potentielle. C'est une préoccupation que nous partageons et un sujet dont nous nous sommes saisis, et sur lequel la CPU nous aide.

Ce débat a montré que les dispositions qui seront prises – certaines l'ont déjà été – sont un premier pas pour une ouverture internationale très volontariste et une action dans trois directions.

S'agissant de l'Europe, notre pays, aux dires de certains, n'accueillerait pas assez d'étudiants européens. Nous accueillons pourtant tous les étudiants qui bénéficient du dispositif Erasmus. Si une petite baisse a été enregistrée, c'est que ce dispositif était en discussion. Nous avons aujourd'hui l'assurance qu'il sera reconduit lors de la prochaine action européenne, pour la période 2014-2020, et même amplifié. Cela signifie que le quota d'étudiants européens en France augmentera certainement.

Ensuite, nous devons amplifier notre dispositif d'accueil en direction de nos amis disposés à la francophonie. Je dis « disposés à la francophonie » car il faut faire attention à ce que notre zone d'influence au Maghreb et en Afrique subsaharienne ne se réduise pas. Il faut être absolument offensif – je partage tout ce qui a été dit à ce sujet – en direction des étudiants et chercheurs de ces régions. J'ai émis à cet égard des propositions, qui ne consistent pas seulement à accueillir ces étudiants et chercheurs, mais aussi à ce que des étudiants et chercheurs français se rendent dans ces pays, et à ce que s'établissent des coopérations beaucoup plus égalitaires que par le passé. J'ai bien noté également qu'il convenait d'améliorer l'accueil en métropole des étudiants des DOM-TOM, qui connaissent souvent plus de difficultés que les autres étudiants.

Enfin, troisième volet, il convient d'accueillir les étudiants et chercheurs des pays émergents et des autres pays du monde, car ils connaissent encore aujourd'hui trop de difficultés en France. Je pense à ce post-doc ukrainien qui fait partie du laboratoire du Prix Nobel Serge Haroche et qui, chaque année, avec sa femme et ses trois enfants, doit passer une journée, une nuit en préfecture. Cela n'est pas digne de notre pays, et je remercie notre ministre de l'intérieur, Manuel Valls, d'avoir très rapidement pris des dispositions extrêmement volontaristes pour que ce type d'injustice ne se reproduise pas.

Je pense également à une étudiante coréenne, post-doc elle aussi, qui, parce qu'elle avait perdu son statut d'étudiante et n'avait pas le statut de salariée, devait se rendre tous les trois mois en préfecture, alors même qu'elle avait été accueillie à l'Institut des hautes études scientifiques, que c'est une mathématicienne d'un niveau prestigieux et qu'elle aura certainement la médaille Fields un jour ou l'autre. Nous l'accueillons de manière indigne, alors que les États-Unis lui proposaient une offre plus rémunératrice, mais avec moins de liberté, ce pourquoi nous avons pu la garder en France dans nos laboratoires d'excellence.

Ces étudiants et chercheurs contribuent à la richesse de notre pays, à sa compétitivité, à sa montée en gamme, pour ainsi dire, en termes de connaissances et de culture. Je remercie Marie-Anne Chapdelaine et Laurence Dumont d'avoir adossé les termes de culture, d'économie et de connaissances, car tout cela est lié. La première qualité d'une culture, c'est son universalité, sa multiculturalité ; autrement, c'est une culture qui s'étiole et se rabougrit, et qui n'est pas digne d'un pays comme le nôtre. Par la culture, on peut accueillir beaucoup de talents venus des quatre coins du monde. Je vous remercie de nous y aider.

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