Intervention de Alain Bocquet

Séance en hémicycle du 2 octobre 2012 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur les nouvelles perspectives européennes et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bocquet :

À chaque étape de cette construction européenne, on brandit la menace de la mise en panne de l'Europe, on nous prédit l'Apocalypse ! Il y aurait ceux qui savent – les experts – et ceux qui doivent subir – les peuples. Le bilan est accablant.

En soixante ans de construction européenne, les orientations imposées ont été incapables d'harmoniser les fiscalités, les systèmes sociaux, les services publics. Elles conduisent droit dans le mur la Grèce, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie, le Portugal – et la liste n'est pas close.

La sidérurgie européenne a été bradée à Lakshmi Mittal, qui liquide site après site – déjà onze sur vingt-cinq en Europe. En trois ans, les immatriculations automobiles ont chuté de 50 % en Grèce et de 25 % en Espagne – on prévoit une baisse de 12 % chez nous en 2012 –, avec toutes les conséquences que cela suppose pour les usines de production et l'emploi. L'évasion fiscale est évaluée à 1 000 milliards d'euros en Europe, dont 50 milliards en France. Le Luxembourg, pays fondateur de l'Union européenne, figure au nombre des paradis fiscaux, où des banques qui perçoivent des fonds de la Banque centrale européenne ont pignon sur rue ! Que dire, enfin, de l'incapacité de deux nations voisines – la France et la Belgique – d'adapter leurs fiscalités, pour le plus grand bonheur d'un Bernard Arnault et de quelques autres.

La France subit les affres d'une croissance nulle, synonyme de perte de milliers d'emplois. L'Allemagne est rattrapée par la crise. Les chiffres sont impitoyables : 27 millions de demandeurs d'emploi en Europe, dont 5 millions en France, et plus de 8,5 millions de pauvres dans notre pays ! Jamais les écarts de développement n'ont été si grands et les écarts de revenus si flagrants. Pourquoi, alors, donner aux marchés l'assurance que tout va continuer comme avant, mais en pire ? Pourquoi avaliser un traité faisant voler en éclats toute possibilité de sortir par le haut d'une crise globale qui n'est pas la crise d'un continent, mais celle d'un système au bout du rouleau ?

Le grand patronat a dit de l'Europe qu'elle est « une machine à réformer la France » ! C'est l'inverse qu'il faut imposer, en faisant de la France une machine à réformer l'Europe !

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