Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 2 octobre 2012 à 15h00
Déclaration du gouvernement en application de l'article 50-1 de la constitution sur les nouvelles perspectives européennes et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Cinq minutes est un laps de temps très court pour exprimer ce que je veux vous dire. Il est même très prétentieux de vouloir le faire en un temps aussi restreint. Pourtant, je ne peux m'empêcher de m'y efforcer.

Tout d'abord, monsieur le Premier ministre, je veux vous dire que je vous respecte profondément, parce que vous êtes là par la volonté du peuple français, tout comme le Président de la République. J'ai, à ce titre, porté le même respect au président précédent, Nicolas Sarkozy.

Mon intervention n'engage pas le mouvement politique auquel je crois être fidèle depuis une trentaine d'années. Mais, au fond, j'ai profondément conscience d'engager la petite parcelle de la nation que je représente. À ce propos, j'ai beaucoup apprécié la réflexion d'un de nos collègues, selon lequel chacun s'exprime ici en conscience et dit sa vérité sans calcul. Je le crois vraiment.

J'ai encore en mémoire le souffle chaud et passionné des dernières campagnes électorales, aux cours des mois de mai et juin derniers, lorsque nos concitoyens nous demandaient de leur dire la vérité, de leur dire où nous en sommes et si possible où nous allons. À ce moment-là j'ai réalisé une fois de plus combien nos concitoyens sont gênés au moment de se rendre aux urnes. Bien sûr, ils se sont rendus aux élections présidentielles : c'est une des élections, avec les municipales, auxquelles ils se rendent le plus.

Mais c'est devenu plus difficile. Qui ne voit pas que, depuis vingt ans, 40 % à 50 % de nos concitoyens s'abstiennent et que, hélas, la moitié de ceux qui se rendent aux urnes votent pour un des extrêmes !

Le problème qui nous réunit ce soir, dans toute sa difficulté – je ne la nie pas –, est certainement à l'origine du grand trouble qu'éprouve notre pays, qui aime pourtant et a payé si cher le droit de parler et de faire de la politique.

La question de l'Europe, telle qu'elle est traitée, empoisonne nos rendez-vous électoraux. Il ne fut pas demandé, jadis, à nos concitoyens s'ils voulaient verser leur sang pour une certaine idée de leur pays ou de l'Europe. Je trouve dommage – c'est la raison pour laquelle j'ai pris toutes les précautions oratoires précédentes – que les grands pays européens, qui figurent parmi les plus avancés démocratiquement, dans l'espace le plus démocratique du monde, se retrouvent aujourd'hui dans une situation identique : celle de ne pas demander l'avis de leurs concitoyens au moment d'entériner un choix aussi important que celui-ci !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion