Intervention de Philippe Labro

Réunion du 11 juin 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Philippe Labro, président du Syndicat du sucre de la Réunion :

Non, car peu de territoires se trouvent dans le même cas que La Réunion, où nous n'avons pas de continuité territoriale. N'importe quel producteur européen de sucre produit pour l'ensemble du marché européen – la production européenne de sucre s'élève à 18 millions de tonnes. Nous nous sommes rapprochés d'un pays comme l'Afrique du Sud, mais son marché intérieur ne représente jamais que 15 fois celui de La Réunion. Le plus intéressant pour nous est de travailler avec les Mauriciens pour conquérir des activités sucrières en Afrique de l'Est, au lieu de nous faire la guerre sur le marché européen. Cette collaboration fonctionne bien. Elle permet de valoriser les savoir-faire réunionnais et de maintenir le niveau de qualification de nos ingénieurs. Notre production de 2 millions de tonnes de cannes à sucre ne suffit pas pour amortir la recherche réalisée par eRcane à La Réunion. C'est pourquoi nous avons dû nous rapprocher de deux ou trois sucriers africains.

Tous les secteurs sont confrontés au problème de la transformation industrielle. Je prendrai l'exemple des coupeuses de canne. Nous souhaitons naturellement développer la mécanisation, mais il n'existe pas de coupeuse adaptée à notre territoire car 70 % de nos sols ont un PH faible à très faible – cette forte acidité est d'ailleurs très favorable à la canne à sucre. Nous avons donc importé des coupeuses d'Afrique du Sud que nous avons adaptées aux besoins locaux, ce qui a nécessité trois à quatre ans de travail et induit d'importants coûts de développement. Les fabricants de matériels agricoles sont allemands, italiens, espagnols ou brésiliens. Le groupe Tereos possède sept sucreries au Brésil, où leur taille moyenne est deux fois et demie supérieure à celles de La Réunion. Il n'existe pas dans le monde de matériels adaptés à d'aussi petites séries.

Le problème s'est accru avec le développement de la grande distribution, car celle-ci impose leur marge aux producteurs. Pour les confitures et les chocolats de ma fabrication, chacune des cinq chaînes de la grande distribution nous ont demandé des produits spécifiques, nous obligeant à mettre en place cinq process différents. En Europe, cela pose peu de problèmes aux producteurs qui, en échange de la marque du distributeur, demandent aux grandes chaînes de présenter leurs produits dans toute la France. C'est impossible à La Réunion puisque pour survivre, nous devons être présents dans l'ensemble de la grande distribution.

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