Intervention de Jean Jacques Vlody

Réunion du 11 juin 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Jacques Vlody :

Je vous confirme que les filières animales à La Réunion sont bien structurées, même si tous les problèmes ne sont pas réglés.

Il n'est naturellement pas question de demander aux ultramarins de cesser de consommer une partie de leur production, ni de produire tous les produits qui existent dans le monde. Si c'est la stratégie de notre agriculture, elle est vouée à l'échec. Pour autant, nous ne devons pas nous focaliser sur notre propre marché mais cibler les marchés que nous serions capables de conquérir. C'est l'orientation choisie par nos professionnels. Encore faut-il le dire clairement, mettre en place une stratégie de développement et accompagner financièrement certaines productions que nous aurons jugées stratégiques, au risque de mécontenter ceux qui veulent produire autre chose et qui considéreront que leur liberté d'entreprise est remise en cause.

Vouloir adapter les systèmes qui fonctionnent à d'autres territoires est une bonne chose, mais il est difficile d'adapter le système mis en place à La Réunion à d'autres territoires car l'île dispose d'espaces qui bénéficient de climats tempérés, ce qui n'est pas le cas de tous les départements d'outre-mer. Il en va de même des problématiques foncières ultramarines qui, en règle générale, ne sont pas transposables en Guyane.

Il faudra à un moment donné que nous nous demandions si notre réglementation est adaptée à nos territoires tropicaux. Savez-vous que les conditions d'épandage des produits phytosanitaires correspondent à un climat tempéré et à un type de végétation qui n'existe pas en milieu tropical ? Même si la recherche sur le milieu tropical n'est pas prioritaire pour la France, nous devrons un jour nous interroger sur la pertinence de l'utilisation de certains produits et sur leur adaptation à ce milieu.

J'ai été alerté par certains des propos qui ont été tenus. L'un des intervenants a indiqué que l'ouverture du marché des fleurs coupées aux pays de la zone avait tué la production locale. Nos territoires ne sont pas à l'abri de cette réalité. Si nous n'y prenons pas garde, La Réunion subira la concurrence des ananas de l'île Maurice et de la Côte d'Ivoire qui viendra étouffer la production locale, alors que cette dernière souffre déjà de difficultés d'acheminement dues au coût exorbitant du fret. Nous avons jusqu'à présent réussi à maintenir une production agricole de qualité, qui a obtenu des labels – nous essayons d'obtenir un label pour la vanille Bourbon –, mais si nous ne protégeons pas, d'une manière ou d'une autre, notre marché intérieur, nous allons rencontrer des problèmes.

Les représentants des Antilles souhaitent ouvrir leur marché intérieur à des produits de la zone provenant du Brésil pour faire baisser les prix. C'est leur droit. Je leur rappelle que nous produisons des bananes conformes aux contraintes européennes – alors si nous ouvrons le marché à des bananes qui ne sont pas produites avec les mêmes contraintes, nous ne vendrons plus les nôtres.

À La Réunion, nous ne consommons pas de bananes de Guadeloupe et de Martinique puisque, pour des raisons sanitaires, l'importation de la banane y est interdite, ce qui nous a obligés à produire des bananes sur place. De la même manière, nous n'importons pas d'oeufs, la production locale répondant à tous nos besoins, ce qui inclut la transformation et la boulangerie-pâtisserie. C'est également le cas de la salade et de divers autres produits dont les importations ne sauraient entrer en compétition avec les produits locaux.

En bref, j'aimerais connaître votre sentiment sur la stratégie, l'adaptabilité et la protection de nos marchés et de nos productions.

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