Intervention de Cyrille Mathieu

Réunion du 11 juin 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Cyrille Mathieu, responsable d'Iguacanne, Groupement interprofessionnel guadeloupéen pour la canne à sucre :

Aucune dérogation concernant les produits phytosanitaires n'est accordée en France depuis l'affaire de la chlordécone. Les filières canne-sucre des Antilles et de La Réunion sont actuellement confrontées à la disparition d'un désherbant, l'Asulam. Cette molécule, nécessaire à la culture de produits maraîchers à consommation directe, figure sur la liste positive européenne et ne présente aucun risque environnemental. Pourtant, la France refuse d'accorder une dérogation pour son utilisation, contrairement à six pays dont l'Angleterre, le Danemark, la Suède et la Belgique. Lorsque nous les interrogeons, la DGAL et le ministère de l'agriculture refusent catégoriquement de discuter de la mise en place d'une dérogation, au nom du principe de précaution. Ils devraient être en mesure d'apprécier le risque encouru et de savoir que nous ne prenons pas grand risque en utilisant des extraits de thé.

Nous parlons d'usages « orphelins » lorsque nous n'avons aucune solution de protection face à certaines maladies. Pour obtenir le droit d'utiliser telle ou telle molécule, il nous faudrait mettre en oeuvre des procédures d'homologation, ce qui représente un coût et un investissement considérables. Aucune firme internationale n'entreprendra cette démarche pour un marché de la taille de celui des Antilles ou de La Réunion. Cela dit, nous pouvons essayer – mais c'est le combat d'une décennie – de faire homologuer des produits utilisés au Brésil ou ailleurs. Peut-on parler de diversification si nous ne savons pas traiter un ravageur ou une maladie ?

Cette difficulté renforce l'intérêt des producteurs des DOM pour la canne à sucre qui, hormis le ver blanc à La Réunion, n'est atteinte d'aucune maladie et ne reçoit aucun traitement, mis à part les herbicides. Si nos pratiques n'évoluent pas, la diversification ne pourra se développer dans nos régions.

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