Intervention de Pierre-Alain Muet

Séance en hémicycle du 2 juillet 2013 à 21h30
Débat d'orientation des finances publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Je vais revenir sur ce qu'a dit le ministre de l'économie et des finances à propos du contexte.

La zone euro est en récession. Depuis le quatrième trimestre 2011, la croissance est négative tous les trimestres et si la France se porte un peu mieux, notre croissance, depuis cette même date, oscille entre +0,1 % et -0,1 % et nous avons vu se succéder deux trimestres négatifs.

L'ensemble de l'Europe est donc frappé par une récession paradoxale. Après la crise financière, les États-Unis ont recommencé à croître, ainsi que les pays européens. Puis, la crise de la dette dans la zone euro a engendré un ensemble de politiques d'austérité qui expliquent la récession actuelle.

Cette crise de la dette est paradoxale car l'Europe est le continent le moins endetté de tous les grands pays industrialisés. La dette de la zone euro représente 67 % du PIB. Aux États-Unis, la dette frise les 100 % et, au Japon, elle atteint 200 %. C'est pourtant dans la zone euro que s'est développée la crise de la dette. Pourquoi ? Pour une raison malheureusement inhérente à l'Europe : son incapacité à mettre en place des politiques de solidarité.

La Grèce, qui représente 3 % du PIB européen, a été frappée par une crise de confiance. Si les Européens s'étaient portés immédiatement à son secours, s'ils avaient été capables de réaliser plus vite ce qu'ils ont mis trois ans à faire, c'est-à-dire un mécanisme de solidarité permettant à la Grèce d'éviter d'avoir des taux d'intérêts excessifs, la crise se serait probablement arrêtée là.

Elle s'est étendue à d'autres pays car quand les marchés ont constaté que la Grèce était fragile, ils ont continué en attaquant l'Espagne, l'Italie et d'autres. C'est ainsi que les doutes sur la solidarité européenne ont transformé le sauvetage de la Grèce en une crise généralisée. C'est d'autant plus paradoxal que les pays les plus touchés sont ceux qui, avant 2007, réduisaient leur dette. Les fameux pays du GIPSI – Grèce, Italie, Portugal, Spain, Irlande – ont, de 2000 à 2007, tous réduit leur dette. C'est l'une des faiblesses majeures de l'Europe, que l'on a déjà observée dans le passé, qui explique cette deuxième récession.

La conséquence de cette deuxième récession est que la croissance est pratiquement nulle depuis cinq ans et demi, chez nous comme dans la plupart des pays européens, à l'exception de l'Allemagne, et que le chômage a augmenté massivement depuis quatre ans. S'y rajoute en France un déficit de compétitivité massif qui est né il y a huit ans, puis une explosion de la dette qui trouve en partie – une petite partie – son origine dans la crise mais surtout dans le fait que, pendant cinq ans, notre pays est resté dans un déficit excessif.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion