Intervention de Florent Thibault

Réunion du 26 juin 2013 à 16h15
Délégation aux outre-mer

Florent Thibault, président du Comité paritaire interprofessionnel de la canne et du sucre, CPCS et co-président du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre, CTIS :

La filière canne de La Réunion est structurée en interprofession et se caractérise par la présence de deux usines, de 3 500 planteurs et de 12 000 emplois, directs et induits. Elle est régie par une convention canne signée par les planteurs et les industriels pour une durée de neuf ans. L'actuelle convention a été signée en 2006 et arrivera à échéance en 2015.

La canne occupe 24 500 hectares, soit 56 % de la surface agricole utile de La Réunion, sur des exploitations dont la surface moyenne est de 7,5 hectares – à comparer aux 15 hectares des exploitations sucrières en France. Les conditions dans lesquelles la canne est récoltée sont également très différentes en métropole et à La Réunion. En effet, l'île est située sur le passage des cyclones et elle est couverte de montagnes. D'autre part, les terrains sont souvent en pente, ce qui rend leur accès délicat, surtout après les fortes pluies. Telle est la raison pour laquelle 75 % des cannes sont récoltées à la main.

À ce handicap s'ajoute le faible tonnage de nos productions qui nous prive de l'accès à certains produits phytosanitaires dont la canne peut avoir besoin. Car aucun grand groupe n'accepte de déposer un brevet ou de faire une demande d'homologation pour un marché de cette taille. Les autres pays qui cultivent de la canne disposent, eux, des produits nécessaires. Je précise que la canne est très peu gourmande en intrants et que ses besoins en herbicides et en engrais sont faibles.

Une autre différence vient du fait que, dans les DOM, la canne occupe 90 % de la superficie de l'exploitation, les 10 % restants étant consacrés à la diversification. À l'inverse, en métropole, sur 15 hectares, la betterave ne représente que 20 à 30 % de l'exploitation.

Sachant que le rendement de la canne à sucre est actuellement de 77 tonnes à l'hectare et que chaque tonne de canne rapporte environ 81 euros, on peut évaluer le chiffre d'affaires du planteur à 6 300 euros par hectare. Sur ces 81 euros, 39 sont liés au prix fixé par l'industriel en fonction de la qualité de la canne, dont 22 euros sont issus des fonds POSEI, auxquels s'ajoutent différentes primes offertes par les industriels, ce qui représente entre 4 et 6 euros ; enfin, l'exploitation de la bagasse, qui a reçu le statut de biomasse en 2009, est valorisée à hauteur de 11 euros la tonne. Il faut ajouter les aides à la production et les indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN) pour un montant de 25 euros.

Sur les 81 euros versés aux planteurs, 47 euros proviennent donc de soutiens publics. On peut donc dire que la quasi-totalité des soutiens apportés à l'industrie sucrière sont affectés à la production, cela afin de soutenir le revenu des planteurs qui reste relativement modeste puisqu'il est de l'ordre de 1,5 fois le SMIC.

Une aide de 4 700 euros par hectare peut paraître importante si l'on se concentre sur la notion d'hectare cultivé, d'autant qu'en métropole, pour des productions similaires, elle se limite à 309 euros. En revanche, par producteur, les chiffres sont assez voisins puisque les producteurs de La Réunion perçoivent près de 36 000 euros et ceux de la métropole 35 500 euros.

Un emploi créé ou existant dans la filière sucre à La Réunion représente 9 476 euros de subventions publiques, contre 29 664 euros pour un emploi agricole en métropole. Ce qui montre que maintenir un emploi agricole coûte trois fois moins cher à La Réunion que sur le continent.

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