Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 9 juillet 2013 à 21h45
Instauration du 27 mai comme journée nationale de la résistance — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission de la défense, madame la rapporteure, mes chers collègues, cette proposition de loi instaure une journée nationale de la Résistance le 27 mai, date anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance.

Les parlementaires communistes, au cours des législatures successives, ont toujours défendu cette mesure. Je vous renvoie à la proposition de loi déposée au Sénat le 28 octobre 2007 par Guy Fischer, ou encore à la proposition de loi déposée en octobre 2012 par les députés du Front de gauche, dont moi-même.

Pourquoi commémorer la Résistance en une journée spécifique, alors même que d'autres anniversaires permettent de l'évoquer et de l'honorer, comme le 18 juin ou encore le 8 mai, date de l'armistice ? Célébrer le souvenir du 27 mai 1943 constitue une démarche unique de reconnaissance de l'apport de la Résistance intérieure à la libération et à la reconstruction du pays, tout en honorant les valeurs des résistants. Une telle célébration pourra être l'occasion, pour les enseignants, de transmettre aux élèves la mémoire de cette période historique, mais aussi les valeurs humanistes et d'engagement que symbolisent ces femmes, ces jeunes, ces hommes, ces ouvriers, ces paysans, qui se sont battus jusqu'au sacrifice de leur vie pour sauver notre République.

La date du 27 mai, marquant le début du processus politique de libération du pays, fait l'unanimité. Elle symbolise non seulement l'unification de la Résistance, mais également la volonté de libérer la France par une participation active du peuple français, à travers les Forces françaises de l'intérieur. C'est le 27 mai 1943 que la Résistance, unifiée sous la houlette de Jean Moulin, a exprimé la volonté de trouver, dans sa diversité, le chemin d'une unité patriotique tendant vers un idéal commun.

Cette journée nationale sera dédiée aux valeurs de la Résistance et au souvenir des héros qui ont eu le courage de refuser la capitulation, la collaboration et l'occupation nazie – occupation qui fut particulièrement inhumaine, je le précise à l'attention de certains élus d'extrême droite. Ces résistants, qui faisaient surtout partie de la classe ouvrière, quand la majorité de la droite et du patronat avait fait le choix de la collaboration, ont redonné à la France son identité, bafouée par Vichy. Avec ce texte, nous disons aux jeunes générations qu'il ne faut jamais oublier celles et ceux qui ont fait, au péril de leur vie, le choix de la liberté et de l'honneur. Par leur engagement, ces femmes et ces hommes ont permis d'offrir un avenir à nous tous. Si chacune et chacun d'entre eux mérite, certes, un hommage pour ses qualités personnelles inestimables, c'est également la France du collectif que nous honorons.

L'action des résistants a traduit le principe selon lequel l'avenir des hommes appartient d'abord aux hommes eux-mêmes. Rien n'est écrit d'avance et il faut lutter en permanence, surtout quand le pays est proche de l'abîme. En organisant la Résistance de l'intérieur, ils ont contribué à l'existence de la France dans l'après-guerre et au rétablissement de sa souveraineté et de sa dignité, et ils ont permis de faire échec aux velléités anglo-américaines de mise en place d'une tutelle sur la France. À l'heure où l'administration américaine, arrogante, sans foi ni loi, se permet de nous espionner, n'oublions pas que Roosevelt projetait d'établir une tutelle militaire sur la France après la guerre !

Célébrer le 27 mai, c'est également célébrer la vivacité du programme du CNR.

Ainsi, selon l'exposé des motifs de la présente proposition de loi, le programme du Conseil national de la Résistance « a permis de jeter les bases d'un nouveau contrat social à l'ambition révolutionnaire, qui fonde encore aujourd'hui notre République. La modernité du programme du Conseil national de la Résistance demeure entière. »

Oui, le programme du CNR constitue le socle de notre modèle social, que les libéraux et les réactionnaires s'acharnent encore aujourd'hui à démanteler.

Nous gardons en mémoire les déclarations de Denis Kessler, numéro deux du MEDEF, affirmant qu'il fallait « défaire méthodiquement le programme du CNR ».

Une telle offensive avait suscité l'émoi des résistants qui, le 8 mars 2004, avaient déjà appelé les jeunes générations « à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. [...] Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? », s'interrogeaient-ils.

Ils ajoutaient : « les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers, qui menace la paix et la démocratie. »

La destruction du programme du Conseil national de la résistance, c'était la ligne de Sarkozy. C'est toujours la ligne de l'UMP.

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