Intervention de Alex Bandou

Réunion du 9 juillet 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Alex Bandou, secrétaire général de l'Union des producteurs agricoles de la Guadeloupe :

Le dernier recensement réalisé en Guadeloupe et en Martinique montre que 70 % des exploitations ne dépassent pas 5 hectares. Il est difficile, dans un tel schéma, de raisonner ou de rationnaliser l'agriculture comme on peut le faire sur un territoire grand comme la France hexagonale.

La notion de filière, dans le cadre de la monoculture, pose de sérieux problèmes en Guadeloupe et en Martinique. Ceux qui cultivent de la canne ont de la chance car elle constitue un fonds intéressant pour la rotation des cultures et elle permet d'obtenir des crédits de la part des banques, qui sont très frileuses lorsqu'il s'agit de financer des projets agricoles basés sur la diversification. Souvent, les personnes qui s'installent se retrouvent avec un lopin de terre dépourvu de système d'irrigation et de voierie, ce qui les pousse, malheureusement, à s'orienter vers la facilité, à savoir la monoculture locale.

Le système de production s'oriente actuellement vers la polyculture et l'élevage, ce qui permet à l'agriculteur de cumuler différents revenus. Le cadre qui nous est proposé se situe dans une logique de filière, mais plutôt que de procéder à des adaptations, il faudrait raisonner ou organiser véritablement l'agriculture en accord avec la réalité des territoires.

En Guadeloupe, des structures se mettent en place en polyculture et élevage, et l'INRA s'intéresse enfin à ce concept. C'est également ce que fait l'éducation nationale puisque le lycée agricole propose maintenant des enseignements de la part d'intervenants qui ont étudié les systèmes de production. Mais nous devons prendre garde à ne pas créer une politique d'exclusion. En Guadeloupe, un agriculteur doit posséder une quarantaine de truies-mères pour être considéré comme un éleveur de porc. Auparavant, beaucoup d'agriculteurs possédaient 5 ou 6 porcs, mais ils ont disparu car nous les avons exclus de tous les dispositifs. Une agriculture raisonnée doit correspondre à la réalité du territoire, d'ailleurs une petite exploitation, dès lors qu'elle est performante, peut parfaitement créer de la richesse et de la valeur ajoutée.

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