Intervention de Pascal Ferey

Réunion du 9 juillet 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA :

Certes, nos départements font partie de l'Europe et sont soumis aux mêmes règles que tous les pays européens, mais les maladies tropicales supportent très mal les règlements communautaires.

Permettez-moi de citer quelques maladies qui poseront nécessairement des problèmes dans les départements d'outre-mer car nous n'avons pas les moyens de lutter contre leur développement : la maladie du greening, qui touche les agrumes, la bactérie de Ralstonia sur les pastèques, celle transmise par la mouche mineuse du melon, et le très redoutable tomato yellow leaf curl virus qui pourrait réduire à néant la production de tomates dans les départements d'outre-mer.

Si l'État ne change pas de paradigme, s'il n'accepte pas de nous accorder des dérogations et s'il ne nous permet pas de trouver des traitements locaux dans la zone Caraïbe ou en Amérique du Sud, nous allons tout droit vers la catastrophe.

L'État doit également faire cesser les importations non homologuées de plans. Car la mouche mineuse du melon et le virus de la tomate proviennent exclusivement de l'importation de plants contaminés qui n'auraient jamais dû arriver sur notre sol.

Nous avions proposé, dans le cadre des débats sur le Grenelle de l'environnement, que la spécificité domienne soit reconnue en tant que telle. J'insiste sur ce que je considère comme une hérésie : les associations environnementales de Guadeloupe ont attaqué l'arrêté préfectoral dérogeant à l'interdiction des épandages aériens pour le traitement des bananeraies. L'arrêté a donc été annulé. Nous travaillons, avec les ministères de l'agriculture et de l'écologie, pour rétablir la règle selon laquelle seul le Gouvernement français peut faire appel d'une décision de la cour administrative. S'il ne se passe rien, il n'y aura plus de traitement aérien et donc plus de production de bananes. J'ajoute que j'aurais souhaité, sur ce dossier, que les organisations syndicales tiennent des propos mesurés.

L'autonomie alimentaire n'est qu'un slogan, mais je ne peux tout de même pas me résigner en constatant le fait que nous ne consommons, dans les départements d'outre-mer, que 12 % de produits locaux par rapport à l'ensemble de notre consommation. Si le prix de certains produits locaux fait fuir les consommateurs, qui se pressent au supermarché pour acheter des produits importés, je maintiens qu'une organisation structurée devrait nous permettre d'offrir aux consommateurs des produits locaux à un prix acceptable.

Nous sommes tous d'accord sur les différentiels de production s'agissant des productions végétales, mais il n'en va pas de même pour les productions animales, mis à part la production d'oeufs, qui est excédentaire à La Réunion, tout comme celle de la viande blanche et du porc. Si nous ne prenons pas les décisions qui s'imposent pour libérer le foncier en faveur des agriculteurs et organiser la production, nous ferons le même constat dans dix ans. Il faut agir sur ce point et ne pas laisser le temps s'écouler inutilement.

Quant à l'octroi de mer, il a été créé pour rendre service mais il pose de vrais problèmes. Ainsi, dans le domaine de l'alimentation animale, il serait plus judicieux d'acheter la matière première dans la zone géographique, au lieu de la faire venir de Bretagne ou de Normandie.

Les représentants de la FNSEA se tiennent à votre disposition pour répondre à toutes les questions que vous pouvez vous poser dans le cadre de la préparation du projet de loi d'avenir pour l'agriculture.

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