Intervention de Sami El Gueddari

Réunion du 3 octobre 2012 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Sami El Gueddari, nageur paralympique :

Si le paralympisme est devenu un sujet d'actualité, il le doit au film Intouchables, qui, en introduisant le handicap dans tous les foyers, a changé le regard qu'on portait sur lui.

Pour répondre à vos questions, je reviendrai sur mon parcours personnel. J'ai été intégré à 100 % et n'ai jamais été dispensé de sport. Mais je ne voulais pas entendre parler du handisport. Pourquoi ? Parce que les athlètes handisport veulent être traités comme les autres athlètes et je remercie France Télévisions d'avoir traité les Jeux paralympiques comme du sport. Nous avons du courage, certes, mais au même titre que les autres. Peu importe d'où me vient mon handicap. Channel 4 a fait un travail remarquable parce qu'elle a traité du sport et parlé de performance. Aux Jeux paralympiques, tous les athlètes ont surmonté leur handicap.

Que manque-t-il aujourd'hui ? Des explications sur les disciplines. Qui ici peut dire à quels handicaps sont ouvertes les épreuves de natation ? Comment sont déterminées les catégories ? Je suis amputé tibial, et ce n'est pas pareil que d'être dans un fauteuil roulant. L'émancipation consiste à être reconnu en tant que tel ; l'intégration nie les différences. Or elles existent, et la Fédération handisport est là pour les gérer au mieux et nous accompagner dans nos parcours. Nos entraîneurs tiennent compte de nos particularités comme ils le font naturellement entre les garçons et les filles ou même entre sportifs du même sexe. L'intégration dans le milieu scolaire ordinaire conduit à une méconnaissance du mouvement handisport, mais les médias vont nous aider à le mettre en lumière. Puisqu'il s'agit de concrétiser le sport pour tous, il faut savoir que c'est le sport de haut niveau qui donne envie. C'est en découvrant des sports comme le rugby fauteuil cette année qu'un jeune se dit, et ses parents ensuite : pourquoi pas ? Les Jeux paralympiques reposent sur un paradoxe puisque le handicap est une déficience physique et que les Jeux paralympiques, c'est la performance physique. Nous sommes sur la bonne voie.

Des moyens, oui, il en faudra car on se professionnalise à une vitesse que peu de gens ont perçue. Cela coûte à un athlète handisport de suivre une préparation de haut niveau. J'ai perdu plus d'argent à me préparer aux Jeux que je n'en gagnerai. Ce n'est pas la faute de Gérard Masson : il fait de son mieux, mais la Fédération handisport coiffe 35 sports différents, et les Jeux paralympiques reposent entièrement sur elle, ou presque – la Fédération du sport adapté joue un rôle marginal. Il n'y a qu'un seul budget alors qu'en face, il y a autant de budgets que de fédérations. L'INSEP peut devenir un atout pour le handisport, mais son coût actuel le rend inaccessible. Les CREPS, comme celui de Talence pour le basket, peuvent devenir un recours intéressant.

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