Intervention de Bernard Perrut

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Perrut :

Madame la présidente, monsieur le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, monsieur le ministre délégué, mes chers collègues, le projet de loi que nous examinons concerne, c'est vrai, un sujet essentiel, le chômage des jeunes ; nous devons faire preuve, dans ce domaine, d'humilité et de volonté.

Toutefois, je ne crois pas, monsieur le ministre, que la jeunesse ait été trop longtemps laissée à l'abandon, comme vous l'avez affirmé cet après-midi. D'ailleurs, vous reconnaissez vous-même, dans l'étude d'impact, que « les emplois d'avenir complètent l'ensemble des outils disponibles pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes » et vous les inscrivez dans les contrats uniques d'insertion – CUI – que nous avons mis en place par le passé. Les CAE et les CIE existants, qui ont fait leurs preuves, auraient pu être adaptés, améliorés. Mais vous avez fait un autre choix, plus médiatique sans doute, puisque vous estimiez qu'il y avait une urgence – surtout en termes de communication.

N'oublions pas tout ce qui a été fait jusqu'ici. Vous avez vous-même cité les missions locales, dont les moyens ont été accrus ces dernières années et qui ont accompagné 1 300 000 jeunes en 2011. Contrats d'insertion dans la vie sociale, contrats d'autonomie, dispositif deuxième chance, investissements d'avenir, plan pour l'emploi des jeunes, mesures incitatives d'allégement des charges pour les entreprises : des choses ont été faites. Sachons au moins le reconnaître de manière objective !

Parmi ces dispositifs, l'apprentissage constitue, à notre sens, un levier essentiel. En fixant un objectif de 800 000 alternants en 2015, nous avons pris des mesures et les moyens afférents pour guider les jeunes dans cette voie efficace.

Incontestablement, nous n'avons pas la même approche du problème, à gauche et à droite. Vous semblez en effet préférer les emplois subventionnés, dans la lignée des TUC, des CES ou des emplois jeunes, aux emplois impulsés dans les entreprises grâce aux allégements de charges, dont le coût est pourtant moindre.

Quelle que soit votre bonne volonté, messieurs les ministres, on peut, à l'instar des syndicats eux-mêmes, s'interroger sur l'efficacité de ces nouveaux contrats. Ainsi, j'ai lu dans la presse la déclaration d'un syndicaliste selon lequel « on ne règle pas le problème du chômage avec des emplois aidés ». Un autre responsable syndical estime, quant à lui, que « les contrats aidés ont démontré leurs limites concernant l'accès durable à l'emploi ». Enfin, un troisième affirme qu'il « faut aller au-delà des mesures d'urgence ». J'ajoute que, selon une étude du CEREQ publiée il y a quelque temps, les jeunes ayant participé au programme d'emploi entre 1997 et 2002 n'ont pas eu, par la suite, un avenir meilleur que ceux qui n'ont pu en bénéficier. Ce constat peut nous interpeller.

Certes, votre texte a le mérite d'exister, mais on peut regretter un certain manque d'imagination.

Je ressens également un peu d'amertume face à la marginalisation ou à la stigmatisation qu'entraînera votre dispositif, car, s'il cible les jeunes défavorisés, il ne s'adresse pas à tous les jeunes sans qualification ni diplôme. Où est en effet l'égalité dans l'approche territoriale qui est la vôtre ? Ne pensez-vous pas que, dans toutes les communes, quelles qu'elles soient, il y a des jeunes qui méritent le même soutien ?

Il ne faudrait pas, messieurs les ministres, que les emplois d'avenir deviennent, comme le titrait récemment un journal, « des échecs à venir » ; je ne le souhaite pas.

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