Intervention de Denis Jacquat

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Jacquat :

Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, redonner un espoir à la jeunesse par l'intermédiaire de l'emploi est une piste noble qui a toujours été notre principale préoccupation – et en disant cela, je reprends d'ailleurs, monsieur le rapporteur, certains de vos propres termes. Aussi adopterai-je, comme il se doit, une attitude d'opposition constructive.

Pour être efficace, ce texte doit être lisible, mais surtout éviter les imperfections de la loi sur les emplois jeunes. Ce projet de loi ne doit pas être la copie Canada Dry de cette loi, envers laquelle, en son temps, nous avions déjà eu une attitude constructive. Cependant, nos craintes de l'époque se sont révélées exactes et il ne faudrait surtout pas récidiver.

Je pense notamment aux moins de vingt-cinq ans éloignés de l'emploi et résidant en zones sensibles ; ils doivent être la priorité des priorités. Il ne faut pas que, comme par le passé, nous assistions à une vague de dérogations. À ce propos, monsieur le ministre, le Gouvernement envisage une diminution du nombre de ZUS. Cela ne risque-t-il pas d'exclure rapidement une grande partie des personnes concernées ?

Je pense également à la formation. Elle doit être obligatoire, longue et surtout ne pas être « cosmétique ». Si la personne est à temps partiel, cette formation doit être effectuée en dehors du temps de travail.

La durée proposée est de un à trois ans. Elle était de cinq ans pour les emplois jeunes. Les personnes concernées par les emplois d'avenir ne doivent pas être victimes d'un traitement statistique du chômage des jeunes. La durée doit être au minimum de trois ans ; un à deux ans, c'est trop court pour arriver à un résultat positif.

Par ailleurs, la sortie du dispositif est essentielle. Le mot « pérenne » doit être présent à l'esprit de celui qui va engager un jeune en emploi d'avenir. Lors des discussions concernant les emplois jeunes, on nous avait rassurés à ce sujet car nous étions très sceptiques. Or souvenons-nous de la faillite de la sortie du système.

Je ne suis pas défavorable à ce type de contrats car ils sont le marchepied pour un vrai emploi. Ils sont la première ligne sur un CV, ce qui est très important. Mais je dirai aussi, comme je l'ai déjà fait en commission, que la priorité doit être accordée à ceux qui se sont inscrits au chômage.

Avant de conclure, je voudrais vous faire part, monsieur le ministre, de mon grand étonnement au sujet d'une réponse qui m'a été faite en commission des affaires sociales. J'ai demandé pourquoi les établissements scolaires du privé ne pouvaient pas bénéficier des emplois d'avenir professeur. On m'a répondu : « Au nom de la morale laïque. » J'avoue être surpris et même choqué par cette explication qui est en fait, selon moi, une discrimination. En tant qu'élu de Moselle – je sais que vous connaissez bien, monsieur le ministre, la ville de Metz –, je vous demande si cette réponse est aussi valable pour les trois départements concordataires d'Alsace-Moselle.

Enfin, je conclurai en indiquant que, dans le cadre du chômage des jeunes, il faudra aborder dans un autre texte le chômage des jeunes diplômés, car ils ont la nette impression d'être laissés pour compte. Messieurs les ministres, à l'occasion de la discussion des amendements, la balle sera dans votre camp. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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