Intervention de Jean-Christophe Fromantin

Réunion du 8 octobre 2013 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Fromantin, co-rapporteur :

Nous sommes conscients des difficultés en matière de mutualisation européenne des dispositifs de soutien à l'export. Aussi n'avons-nous fait qu'évoquer une perspective de long terme, qui ne doit pas être écartée.

Préalablement à l'envie d'exporter, je crois que nous devons insuffler une véritable politique d'apprentissage de l'anglais dans nos écoles. Le défaut de maîtrise de l'anglais constitue en effet aujourd'hui un frein redoutable pour les PME, qu'il est indispensable de lever. Au surplus, et nous avons évoqué ce point dans notre rapport, l'e-commerce est un outil de premier contact international extrêmement intéressant, qui transcende les frontières, notamment linguistiques.

Le fait d'avoir deux administrations qui interviennent en matière d'exportation, à savoir Bercy et les Affaires étrangères, crée indiscutablement des tensions : c'est un luxe qui nous coûte parfois très cher en termes d'efficacité.

La question monétaire mérite d'être posée, d'autant qu'elle porte en elle un vrai sujet de frottement à terme. Les Allemands importent aujourd'hui plus de la moitié des composants pour leur industrie automobile – pour la Porsche Cayenne, cette part monte à près de 90 % – , que l'euro fort leur permet d'acheter moins cher. Une économie sous-compétitive comme la nôtre ou bien comme celle des pays de l'Europe du sud bénéficieraient davantage d'un euro faible pour baisser le prix des exportations.

S'agissant de l'agroalimentaire, les Etats-Unis développent aujourd'hui leur zone de libre-échange avec l'Amérique du sud. Les difficultés des éleveurs bretons sont ainsi liées en grande partie au développement de l'élevage brésilien, qui nous a pris des parts de marché conséquentes. Plus généralement, il faut suivre avec attention les négociations commerciales en cours à l'échelle mondiale. La négociation entre les Etats-Unis et l'Asie Pacifique va extrêmement vite, beaucoup plus en tout cas que celle avec l'Union européenne, et nous devons demeurer vigilants afin de ne pas être distancés.

Plusieurs interventions ont porté sur les outils d'optimisation fiscale. Je crois que nous ne devons pas nous leurrer : nous avons en l'état un problème de compétitivité-prix à résoudre. Dès lors que nous avons un différentiel de coût de main d'oeuvre de 35 % avec les Etats-Unis et de 15 % avec l'Allemagne, sans pouvoir le compenser par une compétitivité hors prix, nous cumulons les handicaps, sans même évoquer la question des marges de nos entreprises.

S'agissant de la Coface et de la BPI, à partir du moment où la BPI porte les aides et les dispositifs de soutien aux entreprises, le pôle « garanties publiques » de la Coface, qui est une société privée, n'a plus d'objet. Parallèlement, se pose la question de la Coface, société privée qui éprouve aujourd'hui des difficultés à évoluer entre ses deux métiers, ce qui perturbe la lecture de son bilan économique. Concernant les garanties sur le sud de l'Europe, il faut bien distinguer le rôle de la Coface comme assureur crédit, avec une évaluation annuelle des risques pays qui l'amène à ne pas vouloir assurer des risques sur certains pays, ou alors avec des surprimes très fortes, et son rôle en matière d'assurance prospection effectué pour le compte de l'Etat.

Enfin, vous avez évoqué les nombreux dispositifs régionaux mis en oeuvre à l'étranger. Nous aurions clairement intérêt à rationaliser toutes ces actions. En filigrane, nous préconisons dans le rapport que les régions s'occupent des politiques de filières et que l'Etat gère les dispositifs individuels. L'Etat doit par ailleurs être garant d'un effet de mutualisation en assurant la coordination de l'ensemble.

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