Intervention de Tino Dambas

Réunion du 8 octobre 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Tino Dambas, président de l'Institut technique tropical, IT :

En plus de mon rôle au sein d'IT2, je suis producteur de bananes et vice-président du groupement Les producteurs de Guadeloupe (LPG).

En tant que Guadeloupéen, j'ai très peur. Naguère, dans la commune de Capesterre, un enseignant pouvait se permettre de réprimander un élève pour une absence sans autorisation ou pour un comportement dissipé. Aujourd'hui, ce n'est plus possible car les enseignants ont peur, tout comme la population.

En 2004, la production bananière a chuté en Guadeloupe, tombant de 120 000 ou 135 000 à 40 000 tonnes. De nombreuses exploitations ont fermé, entraînant, avec l'aggravation du chômage, l'installation de la délinquance. Personne ne naît délinquant, mais un jeune dont la mère et le père ont perdu leur emploi et ne peuvent plus répondre à ses besoins n'a qu'une idée en tête : trouver les moyens d'acheter ce qu'ont ses camarades et que ses parents ne peuvent lui offrir. C'est alors que commence la délinquance.

On parle souvent de Marseille mais, j'ai honte de vous le dire, la situation est bien pire en Guadeloupe. Les jeunes n'y sont pas plus méchants qu'ailleurs, mais ils n'ont pas d'occupation.

Quelques hommes politiques et des intellectuels affirment qu'il faut arrêter de cultiver la banane et la canne. Par quoi proposent-ils de les remplacer ? La banane emploie 80 % du personnel agricole : que feront-ils de tous ces gens ?

Auparavant, ceux qui ne trouvaient pas d'emploi étaient des travailleurs étrangers ou des jeunes qui n'avaient pas réussi à l'école, mais ce n'est plus le cas : ce sont aujourd'hui des bacheliers et même des titulaires de BTS, voire des ingénieurs. Et lorsqu'ils sont embauchés, ce n'est pas pour faire partie de l'encadrement ; ils le sont comme simples ouvriers, voire en tant que stagiaires.

De grâce, Mesdames et Messieurs les parlementaires, faites en sorte de renforcer la production bananière en Guadeloupe et en Martinique, au lieu de la détruire.

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