Intervention de Philippe Ruelle

Réunion du 8 octobre 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Philippe Ruelle, directeur général de la société Fruidor et directeur de l'Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique :

Depuis 1996, nous avons réduit de 75 % la quantité de produits phytosanitaires utilisés dans les bananeraies, ce qui fait de cette filière la première filière agro-écologique française.

Ce secteur essentiel est donc viable, d'autant que le plan Banane durable mis en oeuvre de 2005 à 2013 a encore permis de réduire de 50 % le recours à ces produits. Nous n'utilisons plus d'insecticides et presque plus de nématicides. Nous utilisons encore quelques herbicides en attendant que les plantes de couverture soient mises au point. Nous avons donc développé des méthodes alternatives. Reste que pour combattre efficacement la cercosporiose noire, maladie qui touche les feuilles du bananier, lesquelles se trouvent à cinq ou six mètres au-dessus du sol, on voit mal comment on pourrait se passer du traitement aérien, surtout dans des zones escarpées.

Nous avons beaucoup amélioré nos pratiques en ce domaine. Nous procédons à dix traitements par an, dont la moitié se limitent à répandre un fongicide, dilué dans de l'huile minérale utilisée en agriculture biologique. Comme vous le savez, l'épandage aérien est soumis à l'octroi de dérogations qui ont été suspendues par référé. Depuis, nous avons cessé tout traitement aérien aux Antilles et nous ne savons pas comment nous allons lutter contre la cercosporiose. Avec l'aide de l'Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA, ex-CEMAGREF), nous développons depuis 2008 des méthodes alternatives, de traitement au sol, mais elles se heurtent à de nombreux problèmes.

Quoi qu'il en soit, notre filière est exemplaire en ce qui concerne l'utilisation des produits phytosanitaires. Et, non, Madame Allain, nous ne plantons pas uniquement de la banane car nous avons l'obligation de laisser des terres en jachère. Après le passage du cyclone Dean, qui a ravagé 100 % de la bananeraie martiniquaise en 2007, nous n'avons pas tout replanté d'un coup : pour éviter que les fruits n'arrivent à maturité en même temps, nous avons replanté 50 % des terres la première année, un tiers l'année suivante, etc. Nous en avons donc laissé une partie en jachère pendant douze à dix-huit mois et c'est sur des sols sains que nous installons les vitroplants.

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