Intervention de Denis Loeillet

Réunion du 8 octobre 2013 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Denis Loeillet, responsable de l'Observatoire des marchés du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, CIRAD :

Un producteur de bananes aux Antilles utilise 4 à 4,5 kg de matière active par hectare et par an, quand un producteur du Costa Rica, l'un des trois principaux pays exportateurs de bananes, en utilise 80 kg. Cela fait de la filière « banane » de Guadeloupe et de Martinique la filière la plus vertueuse au monde du point de vue environnemental, et cela, nous le devons à un partenariat public-privé réussi entre les autorités locales, les planteurs et notre centre de recherche.

Le CIRAD investit dans l'agro-écologie depuis plus de dix ans. Ce travail a été mis au service de la filière et des autorités locales pour développer un partenariat, lancé en 2008, que nous avons appelé le plan Banane durable et dont nous achevons la première tranche. Le résultat le plus marquant de ce plan a été la réduction de l'usage des pesticides, de 50 % venant après une première réduction de 70 %. Mais nous ne pourrons guère aller plus loin en milieu tropical humide.

Les équipes françaises ont été les premières à décrire le génome du bananier, mais en quoi cela intéresse-t-il les planteurs ? Le plan Banane durable a permis de développer l'innovation et de concevoir à partir des acquis de la recherche fondamentale des systèmes de culture innovants, intégrant toutes les composantes de l'agro-écologie : jachère, installation de la plante dans des conditions l'aidant à développer ses propres défenses, traitements raisonnés, fumure, utilisation de plantes de couverture ou de services et de vitroplants, suppression des labours…

Le plan Banane durable s'organise à partir de deux plateformes : la première s'intéresse à la définition et à l'expérimentation de ces systèmes de culture innovants à faible taux d'intrants – notre partenaire en ce domaine est l'Institut technique tropical –, la seconde à la création et à la sélection de variétés résistantes, notamment à la cercosporiose noire du bananier. Nous voyons poindre le succès puisque, depuis quelques années, nous testons une variété résistante.

Ce partenariat public-privé ne répond pas seulement aux besoins des planteurs : il crée une économie de la connaissance, porteuse d'une forte valeur ajoutée ; il fait de la Martinique et de la Guadeloupe un laboratoire qui permet à la France de rayonner à la fois dans la zone Caraïbe, grâce à des échanges de bonnes pratiques agricoles et à la distribution de matériel végétal innovant dans le cadre du programme Interreg, et dans le monde entier, par le biais de la FAO (Food and agriculture organization). Il illustre enfin la réussite du passage d'une économie industrielle à une économie raisonnée.

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