Intervention de Jean-Charles Taugourdeau

Séance en hémicycle du 18 septembre 2013 à 15h00
Redonner des perspectives à l'économie réelle et à l'emploi industriel — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Charles Taugourdeau :

Je rappelle au passage, monsieur Germain, que ce n’est pas le ministère qui a réglé le problème de Technicolor : c’est l’agglomération d’Angers, en rachetant les machines en même temps que l’usine – parce qu’une usine sans machines, cela ne vaut plus rien. Le Gouvernement n’a, lui, rien fait, malgré toutes les promesses durant la campagne présidentielle. Heureusement, les élus locaux s’en sont occupés, mais c’est compliqué aujourd’hui de redémarrer un site quand il a été arrêté. Le Gouvernement n’arrive même pas à activer les commandes d’État pour donner du travail à des usines qui ont besoin d’un volume pour redémarrer. Technicolor Angers avait besoin d’une commande d’Orange, société où l’État a tout de même quelques moyens de pression.

Décidément, votre texte ne résoudra rien alors qu’aujourd’hui, monsieur le ministre, chers collègues de la majorité, vous avez tous les leviers, tous les pouvoirs. En revanche, vous n’avez pas la volonté politique, malgré ce que vous dites ! Pourtant, vous ne ménagez pas votre peine en communication pour faire croire aux Français que vous l’avez…

Avec ce texte, la majorité socialiste veut faire croire que l’État a le pouvoir de stopper les plans sociaux. Ce faisant, cette proposition de loi se trouve à la limite de l’économie administrée et remet en cause les principes de libre administration du chef d’entreprise. Par ailleurs, elle touche profondément au droit de propriété strictement encadré et protégé par la Constitution. Elle concourt clairement à dessaisir l’entrepreneur de son outil de travail car vous ne lui demandez pas de céder seulement quatre murs, mais aussi sa méthode, sa tehnologie et son savoir-faire !

Je le répète encore à cette tribune : il faut une véritable révolution des mentalités chez les élus, chez le législateur, chez le fonctionnaire, à Matignon et à l’Élysée : notre pays ne retrouvera pas sa compétitivité sans que l’on puisse travailler lorsqu’il faut travailler.

Pour conclure, je reprendrai à nouveau le raisonnement qui introduisait mon propos : monsieur le ministre, dites au Président que pour préserver notre modèle de solidarité, il faut avant tout préserver la production de richesses en France, c’est-à-dire préserver le travail et en faciliter la création, et non focaliser sur la conservation des emplois. Quand il y a du travail, il y a forcément des emplois. L’emploi est la conséquence du travail, et non l’inverse ! On ne crée pas des emplois en se demandant ce que l’on va faire demain. Ayez le courage de regarder la vérité en face en portant un regard bienveillant sur tous ceux qui entreprennent à leur compte. Ce n’est pas cette proposition de loi relative à la reprise des sites rentables qui va rendre plus compétitives nos entreprises.

Je dois vous concéder une chose : le candidat Hollande avait promis de réenchanter le rêve… Le président d’aujourd’hui tient ses promesses. Les Français vont en effet pouvoir continuer à rêver longtemps.

Questionnez les artisans, les TPE, les PME, les agriculteurs, les professions libérales, tous ceux qui sont à leur compte… L’économie réelle, ce n’est pas du rêve ! C’est même devenu pour eux un vrai cauchemar ! Dans cette assemblée, prenons le temps de réfléchir, de mettre les problèmes sur la table plutôt que de voir les textes arriver les uns après les autres dans l’urgence, en procédure accélérée et en session extraordinaire – je devrais cet après-midi siéger en commission tout en m’exprimant à cette tribune… – ; prenons le temps pour élaborer une réelle stratégie de production, celle qui crée les richesses et nous permet de financer tout notre quotidien.

Mais vous préférez occuper les médias et communiquer sur des perspectives d’économie réelle… malheureusement virtuelles. Cela pourrait faire illusion mais, en matière d’économie, le rêve et le virtuel, ce n’est pas notre choix ! C’est pourquoi le groupe UMP votera cette motion de rejet. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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