Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 4 septembre 2013 à 16h00
Déclaration du gouvernement sur la situation en syrie et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Ce pari osé aurait pu se justifier si le régime de Bachar al-Assad avait évolué, mais la réaction de celui-ci au Printemps arabe a montré qu’il n’en était rien

S’agissant des risques d’une possible intervention militaire, ils existent. Les doutes sont permis. Les objections sont légitimes. Ces doutes et ces objections existent au sein de mon groupe, qui n’est pas unanime sur ce sujet : c’est donc la position majoritaire du groupe écologiste que j’exprime ici devant vous.

À l’incertitude de l’action, il faut mettre en regard les certitudes de l’inaction. Ce sont des certitudes, car les conséquences de l’inaction s’étalent sous nos yeux depuis deux ans. L’inaction conduirait à la radicalisation accrue des parties prenantes de la guerre civile, et serait le pire des signaux envoyés aux dictateurs et aux factions qui violent les principes élémentaires du droit international, en Syrie et ailleurs.

Une fois cette position de principe affirmée, il nous reste à définir le cadre, le sens et les objectifs d’une potentielle intervention militaire. Pour ce qui est du cadre d’une possible coalition, nous la souhaitons la plus « internationalisée » possible ». Au-delà des États-Unis, il y a des États de l’Union européenne, de la Ligue arabe ou la Turquie par exemple. Pour les écologistes, cette crise montre, une fois de plus, l’impérieuse nécessité de changements institutionnels au niveau de l’Union européenne, une fois de plus inexistante politiquement, diplomatiquement et militairement.

Monsieur le Premier ministre, nous souscrivons à ce que vous avez dit : en aucun cas, la France ne peut ni ne doit agir seule.

Pour ce qui est des objectifs d’une intervention, nous considérons qu’ils sont clairs : affaiblir l’appareil répressif syrien, notamment afin de rendre impossible tout nouvel usage d’armes chimiques.

Par ailleurs, il conviendra d’envisager avec prudence et discernement le soutien apporté à une rébellion que nous savons divisée et hétéroclite. Un soutien humanitaire de grande ampleur, y compris dans les zones sous contrôle de l’opposition, doit en revanche être garanti. De même, il y a plus de deux millions de réfugiés syriens. Notre politique d’asile, coordonnée avec les vingt-sept autres États de l’Union européenne, doit être à la hauteur de notre soutien politique et humanitaire aux populations civiles syriennes. On ne nous fera pas croire que la France n’est capable d’accueillir sur son sol que sept cents réfugiés !

Enfin, l’objectif ultime de cette intervention est et doit rester celui de contraindre tous les acteurs à revenir à la table des négociations. À tout moment, si une issue autre que militaire peut être sérieusement envisagée, elle devra évidemment être privilégiée.

Voilà, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, l’état d’esprit et les positions du groupe écologiste pour apporter une réponse forte avec le plus grand esprit de responsabilité à la tragédie de la Syrie.

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