Intervention de Paul Giacobbi

Séance en hémicycle du 4 septembre 2013 à 16h00
Déclaration du gouvernement sur la situation en syrie et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Il appartient au Président de la République d’en décider, mais il ne nous est pas interdit de souligner à quel point ce serait opportun. Le temps qui nous est donné est peut-être le temps nécessaire pour donner une chance à la solution politique, une chance à la paix.

Mais dans cette affaire, la forme – même si elle touche à notre souveraineté nationale et au fondement de notre démocratie – ne doit pas occulter le fond : l’atrocité d’une guerre civile qui a fait plus 100 000 morts, le crime de guerre qui a consisté à utiliser du gaz neurotoxique pour terroriser une population en révolte.

Nous disposons aujourd’hui des preuves que le gaz sarin a bien été utilisé lors de l’offensive du 21 août. Sans que nous en ayons la preuve, la présomption est établie que seul le gouvernement syrien a pu l’utiliser aussi massivement et au moyen de vecteurs dont ne disposent pas les opposants.

La convention qui prohibe les gaz de combat a été signée par 160 pays. A moins de renoncer à tout État de droit international en matière de crimes de guerre au nom de je ne sais quel cynisme – que j’ai entendu tout à l’heure – ou d’un faux principe de réalité qui nous condamnerait à la pire des réalités, nous ne pouvons rester sans agir dans un pays où les atermoiements de la communauté internationale ont déjà donné le temps au fondamentalisme religieux de placer l’opposition laïque sous sa tutelle.

Dans De la guerre, Clausewitz distinguait trois facteurs : la pulsion violente, la chance et la politique. Le recours à la force que notre exécutif a décidé n’est pas une réaction violente ou agressive : c’est l’application d’une sanction indispensable au respect du droit dans le domaine de la guerre. Pour autant, nous ne pouvons pas nous en remettre à la chance pour la suite des événements – ceux qui suivront notre frappe – et nous devons penser politiquement cette dernière, ses conséquences, et ce qu’il nous restera à faire après pour sortir de cette crise

À la différence de la situation actuelle, lors de l’intervention en Libye, la France avait annoncé qu’elle avait pour objectif d’abattre le régime en place : c’est bien ce que nous reprochent aujourd’hui Russes et Chinois. En effet, à l’époque, l’ONU avait autorisé la force pour protéger les populations civiles mais, le lendemain matin, les coalisés, à commencer par le Président de la République française, avait décidé que leur objectif, c’était d’abattre Kadhafi.

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