Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 26 novembre 2013 à 15h00
Questions au gouvernement — Politique économique de l'allemagne

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Voilà un cadre, voilà une base, mais il faut passer, évidemment, à l’étape que vous évoquez. La Commission européenne a donné un avis sur les politiques économiques de tous les gouvernements. C’est utile, et il faut en effet éviter les distorsions de compétitivité. Vous avez salué les efforts faits, et nous n’allons pas nous plaindre que l’industrie allemande soit vigoureuse, qu’elle soit compétitive, qu’elle soit exportatrice, mais il faut aussi davantage d’harmonisation, en particulier sur le plan social. Même si nous sommes un marché unique, même si nous appartenons à la même zone monétaire, il ne faut plus de ces distorsions de concurrence qui s’apparentent, de la part de certains pays, à du dumping social.

Nous ne pouvons que saluer comme un signe positif ce qui se prépare dans le cadre des négociations en vue de la formation d’un gouvernement de grande coalition en Allemagne, autour de la mise en place d’un salaire minimum. En effet, quand certaines de nos activités économiques, je pense à l’agroalimentaire mais aussi à d’autres secteurs, sont en compétition avec des entreprises qui rémunèrent l’heure de travail à trois ou quatre euros, comment voulez-vous que nous soyons compétitifs ? Nous avons nos propres efforts à faire, et c’est ce que nous avons engagé avec le pacte de compétitivité, mais nous ne pouvons pas accepter cette situation sur le plan social.

L’Europe, ce n’est pas seulement la coordination des politiques budgétaires, c’est aussi la coordination des politiques d’investissement, c’est aussi la coordination des politiques sociales, non pas vers le bas mais vers le haut. Si un SMIC est instauré en Allemagne, alors il faut pousser plus loin, pour obtenir un SMIC européen. Il faut également demander la renégociation de la directive « travailleurs détachés », et Michel Sapin, lors de la prochaine réunion du conseil des ministres du travail, n’acceptera pas une modification au rabais. L’harmonisation sociale par le haut est une nécessité, pas seulement pour les droits des travailleurs, d’abord pour les droits des travailleurs, mais aussi pour la croissance.

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