Intervention de Patricia Adam

Séance en hémicycle du 10 décembre 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces armées en république centrafricaine et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

…car, malheureusement, et on peut en effet le regretter, beaucoup d’autres pays européens considèrent que c’est à elle de le faire et ne seront présents à nos côtés que parce que nous aurons décidé d’intervenir. Nous devons aujourd’hui assumer cette responsabilité mais nous devons aussi, comme nombre d’entre nous l’ont dit, travailler à faire progresser une politique européenne en matière de défense, idée, je le rappelle, que la précédente majorité avait plutôt abandonnée au profit d’accords bilatéraux.

Assiste-t-on au retour de la « Françafrique » ? Sans doute certains commentateurs évoquent-ils la pérennité d’une forme d’immixtion française en Afrique par goût de la formule. Or, tel n’est pas le cas. Personne ne peut dire que la France soutient l’une ou l’autre des parties en présence, personne ne pourrait décrire les intérêts économiques que notre pays aurait à défendre sur place car ils n’existent pas. En revanche, on doit affirmer que des massacres de populations civiles en Afrique sont aujourd’hui aussi insupportables qu’ils l’étaient hier dans les Balkans.

Le refus de l’ingérence n’est jamais un blanc-seing donné aux fauteurs de guerre civile. Doit-il en être autrement lorsque les victimes sont africaines ? Non, évidemment non. L’intervention française n’est pas une ingérence. C’est une décision qui procède d’une vision stratégique que nombre de nos voisins ont abdiquée, laissant à d’autres le soin d’y penser et d’en décider pour eux. En France, nous nous refusons à endosser ce prêt-à-porter stratégique et affirmons avec force que, par leur capacité autonome d’anticipation, les autres pays européens doivent définir leur capacité d’analyse pour intervenir.

Risque-t-on l’enlisement ? Les massacres de ces derniers jours ne doivent pas occulter une fragilité ancienne de la République centrafricaine. N’oublions pas qu’environ 450 militaires français y sont présents depuis un certain nombre d’années à travers l’opération Boali. Personne ne peut espérer régler tous les problèmes en quelques semaines. Il y aurait toutefois un paradoxe à considérer qu’à défaut de pouvoir tout régler, il faut ne rien faire. Le soutien de notre pays à la MISCA s’inscrit dans la première étape d’un processus. Cette étape, c’est la fin des massacres et la tenue d’élections l’année prochaine.

L’intervention française demeurera donc limitée en ampleur et dans le temps, comme l’intervention au Mali. La France contribuera ainsi à créer les conditions d’un avenir meilleur pour ce pays. La suite appartient à la communauté internationale, et en premier lieu aux Centrafricains.

J’informe enfin le Parlement que je serai la semaine prochaine au Tchad avec deux collègues de la commission de la défense, Christophe Guilloteau et Jacques Moignard. Nous apporterons aux militaires français prépositionnés le soutien de l’ensemble de l’Assemblée.

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