Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 10 décembre 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces armées en république centrafricaine et débat sur cette déclaration

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je tiens à remercier les orateurs des différents groupes, qui ont tous exprimé leur haute conscience de la gravité de la situation en Centrafrique. L’engrenage qui a eu lieu ces derniers jours, non seulement ne pouvait nous laisser indifférents, mais obligeait la France, en vertu de ses engagements et des valeurs qui sont les siennes, à agir.

La France a donc pris ses responsabilités. Conformément à la Constitution, le Président de la République, après avoir réuni le Conseil de défense, a engagé nos forces. Le Parlement est informé et le sera tout au long du processus. D’ailleurs, si cette intervention devait se prolonger au-delà de quatre mois, l’Assemblée nationale serait à nouveau appelée à se prononcer, comme le prévoit la Constitution. D’ici là, puisque plusieurs orateurs en ont exprimé le souhait à juste titre, je répète ce que j’ai déjà dit ce matin lors de la réunion à Matignon : autant que de besoin, autant que vous le souhaiterez – et je m’adresse en particulier à Mmes les présidentes des commissions – les ministres sont à votre disposition pour répondre à toutes les questions qui se posent.

Certaines ont déjà été posées aujourd’hui, auxquelles je voudrais essayer de répondre précisément. Le président Jacob, qui m’a fait savoir qu’il ne pourrait rester parce qu’il avait un autre engagement, ce que je comprends fort bien, m’a reproché, au sujet du financement de cette opération, d’avoir fait allusion à la loi de programmation militaire. Mais je l’ai fait volontairement ! Lui-même l’a critiquée dans son intervention, et je n’ai fait qu’anticiper son propos. Je conteste en tout cas ses affirmations.

Le volume total de nos forces engagées en OPEX en 2014, même en y ajoutant l’opération Sangaris, sera très inférieur à celui constaté en 2013, où il a atteint près de 10 000 hommes. Et ce n’est pas parce que nous n’aurions plus les moyens de nous projeter à l’extérieur, mais en raison d’ajustements de notre présence à l’étranger, permis par l’évolution de la situation, notamment la décision qui a été prise de se désengager d’Afghanistan et du Kosovo et le retour à un effectif de l’ordre d’un millier de soldats au Mali, une fois passé le deuxième tour des élections. Tout cela compte évidemment dans le bilan général.

La prise en charge du coût des OPEX est prévue au budget de l’État, via la prévision spécifique au budget de la défense et la clause de garantie figurant, je le répète, dans le projet de loi de programmation militaire. Le financement de l’opération Sangaris est donc assuré.

D’une manière générale, et Mme la présidente de la commission de la défense a eu raison de le redire, la France conservera à l’avenir ses capacités de projection, dans le cadre défini par le Livre blanc et la loi de programmation militaire, avec un format parfaitement adapté à la conduite simultanée d’opérations telles que celles engagées au Mali et en République Centrafricaine, et avec un équipement renouvelé.

Nous devons nous féliciter, même si cela représente un effort, que la France soit l’un des rares pays, en tout cas le seul en Europe, avec peut-être la Grande-Bretagne, à s’engager et à avoir un tel niveau d’engagement.

Souvent, la droite dit que nous ne faisons pas assez pour la défense…

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