Intervention de Sophie Dion

Séance en hémicycle du 8 janvier 2014 à 15h00
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dion :

C’est un vrai problème, je vous remercie de le reconnaître. Ces propositions mettent en péril le maintien dans ces territoires fragiles d’activités économiques viables et pérennes. Mais elles trompent également les consommateurs qui attendent une sécurisation des produits qu’ils achètent. Alors, monsieur le ministre, ne laissez pas faire, s’il vous plaît. Nous comptons sur vous, les montagnards comptent sur vous.

Il ne faut pas non plus laisser nos éleveurs dans l’inquiétude lorsqu’une maladie grave propagée par une espèce animale protégée vient menacer la survie de l’ensemble d’un troupeau. Il n’est pas normal, monsieur le ministre, compte tenu des graves risques sanitaires encourus, d’attendre dix-huit mois entre l’apparition d’un foyer de brucellose et l’arrêté autorisant l’abattage partiel des bouquetins infectés. L’article 18 du projet de loi portant sur l’extension des mesures de police sanitaire aux animaux de la faune sauvage permettra-t-il une décision plus rapide ? Je le souhaite, mais je n’en suis pas certaine ; j’ai lu votre projet de loi avec attention, mais je n’ai pas la réponse.

Et puis, bien sûr, il y a la question de la forêt. Pour maintenir une activité agricole compétitive et dynamique en zone de montagne, il faut également valoriser notre patrimoine forestier. La forêt, vous le savez tous ici, joue un rôle de protection contre les dangers naturels – éboulements, avalanches, érosion des sols – qu’il ne faut pas négliger compte tenu des dégâts matériels et humains qu’ils peuvent causer. La forêt, avec l’élevage, est source de création d’activités et d’emplois non délocalisables ; rappelons que cela représente, en Haute-Savoie, plus de 5 000 emplois. Par ailleurs, l’article 29 de votre projet de loi met en place des programmes régionaux de la forêt et du bois. Dans quels délais seront-ils opérationnels ?

Enfin, pour maintenir une activité agricole compétitive et dynamique dans nos territoires de montagne, il faut favoriser le renouvellement des générations d’agriculteurs, assurer la formation continue des agriculteurs et valoriser l’enseignement agricole. Là encore, on ne peut que déplorer l’absence de mesures tangibles. Quelles actions concrètes allez-vous mener, au-delà des déclarations d’intention, pour favoriser l’acquisition et la transmission de terres agricoles dans nos zones où, certes, la pression foncière est très forte ?

S’agissant de la formation, je regrette que le texte ne se penche pas davantage sur la formation continue, alors que les besoins des exploitants agricoles et de leurs salariés sont croissants. Nos collègues de la majorité eux-mêmes l’ont relevé. Quant à l’enseignement agricole, enseignement d’affection, car c’est un métier qu’on aime profondément, il doit être valorisé dès le collège. Il est impératif, monsieur le ministre, de maintenir les classes de troisième et de quatrième de l’enseignement agricole. Faut-il rappeler que les agriculteurs ont un niveau de formation supérieur à la moyenne de la population française ?

On pourrait dire bien d’autres choses encore, mais concluons. Dans « agro-écologie », il y a « agriculture », « agriculteurs ». Les agriculteurs, vous le savez, sont passionnés par leur métier, où qu’ils soient. Mais surtout, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’ils doivent pouvoir vivre de leur métier. Là encore, il faut prendre la mesure de la difficulté et de l’urgence.

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