Intervention de Nicolas Dhuicq

Séance en hémicycle du 8 janvier 2014 à 15h00
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

le premier devoir d’un gouvernement, c’est d’assurer la souveraineté de la nation pour que le peuple français reste un peuple souverain, libre de prendre ses décisions, libre de tracer son avenir sans contraintes. Au moment où nous nous apprêtons à célébrer les sacrifices de la paysannerie dans les tranchées de Verdun, sur le front de l’Ouest mais aussi dans l’armée d’Orient, que beaucoup oublient ici, il est bon et juste de se souvenir qu’il n’est pas de grand pays, pas de grande nation, pas de peuple libre, sans une agriculture forte. Il suffit de voir combien les États-Unis d’Amérique oeuvrent en permanence pour imposer leurs produits et leurs normes à l’ensemble de la planète, et particulièrement à l’Europe.

Une Europe livrée à un traité abominable de libre-échange qui permettra aux produits américains d’envahir sans contraintes notre continent. Une Europe incapable de résoudre le scandale des travailleurs détachés, condamnant nos légumiers à disparaître dans les trois à quatre ans qui viennent, tout simplement parce que les salaires payés à ces travailleurs détachés sont trois à quatre fois inférieurs à ceux que nos entreprises doivent, à juste titre, verser à leurs employés.

Nous observons aujourd’hui une Allemagne conquérante, forte, qui a préparé la nouvelle politique agricole commune. Votre loi délétère va livrer pieds et poings liés l’agriculture française aux Allemands. À terme, en 2020, les exploitations allemandes toucheront 100 euros d’aide supplémentaire à l’hectare : car on oublie ici que les Länder aident considérablement leurs exploitants agricoles, ce qui n’est pas le cas de nos régions. Et naturellement, Bruxelles ne tient pas compte de ces aides régionales !

Pire encore, l’agriculture hongroise touchera 110 euros d’aides supplémentaires par rapport aux exploitations françaises.

Monsieur le ministre, votre excellent collègue en charge du redressement productif essaie de défendre comme il le peut l’industrie et les capacités de haute technologie française au sein de ce Gouvernement. Mais qu’observons-nous ? Les pays continentaux de l’est de l’Europe sont subventionnés par Bruxelles mais n’achètent que du matériel militaire germanique ou américain, sans aucune contrainte. Les Polonais achètent des F-16 pendant que nous aidons leur agriculture !

Et voici que vous nous proposez une loi démagogique. À court terme, vous allez aider – brièvement – les éleveurs de montagne, vous allez essayer d’aider les jeunes exploitations, avec cette idée de l’aide aux premiers hectares qui aboutira en fait à détruire ces locomotives que sont nos grands groupes, coopérateurs ou groupes privés céréaliers.

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