Intervention de Jacques Myard

Réunion du 20 novembre 2013 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard, président de la mission d'information :

Je ne peux que souscrire à votre propos liminaire, Madame la présidente. Ce sujet est au coeur de l'avenir de notre pays, ainsi que des enjeux et des défis en Méditerranée.

Nous avons eu pas moins de 77 entretiens, à Paris comme à l'étranger, et la qualité était présente au rendez-vous, elle aussi. Nous avons essayé d'avoir une approche globale et de rencontrer les acteurs participant à ces mouvements, dans leur ensemble. C'était l'objet des trois déplacements que nous avons réalisés en Tunisie, en Egypte et en Libye, et je veux saluer bien sûr l'excellente préparation assurée par nos missions diplomatiques, qui travaillent souvent dans des conditions difficiles et avec des moyens limités, mais qui ont su nous ménager des entretiens de haut niveau. Ce fut des échanges très enrichissants au plan humain et pour la vision politique que l'on peut avoir de ces pays.

En Egypte, nous avons notamment pu nous entretenir avec le cheikh Al Tayeb d'Al Azhar, ainsi qu'avec des salafistes qui ont adopté une approche plutôt pacifique – nous n'avons pas tenté le diable en nous rendant dans le Sinaï pour rencontrer les djihadistes qui occupent actuellement la zone – et nous avons fait un voyage assez fort à Alexandrie, en empruntant depuis le Caire une route qui peut donner quelques sueurs froides. Nous y avons rencontré une personne dont j'espère que vous l'inviterez, Madame la présidente, à l'occasion d'un éventuel passage à Paris : Ismaïl Seragueldine, le directeur de la prestigieuse bibliothèque alexandrine. C'est un intellectuel de haute volée, qui a beaucoup à dire, dans une langue française d'ailleurs bien meilleure que la nôtre.

Nous avons aussi effectué deux séjours à Tunis, où nous nous sommes ensuite rendus à plusieurs reprises à titre personnel, Jean Glavany et moi-même. Nous y avons rencontré la plupart des partis, à un moment où le pays traversait déjà une crise politique aiguë. Nous nous sommes d'ailleurs entretenus avec le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, qu'il faut entendre, en étant conscient de la différence entre le langage officiel et le discours caché. La situation n'est toujours pas stabilisée entre Ennahda, qui joue un jeu difficile, et des partis libéraux qui ne sont pas toujours très unis.

Nous avons failli revenir « en kit » de Libye, où nous nous trouvions à l'ambassade la veille de l'attentat qui l'a détruite entièrement. Il n'y a heureusement eu que deux blessés, dont un grave. Nous avons pu mesurer l'écart entre ce que demandait la communauté française, notamment le rétablissement d'une liaison aérienne directe, et la réalité qui a été révélée par l'attentat du mardi 23 avril. Nous avons notamment rencontré le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères, ainsi que le président du Congrès général, qui a ensuite été débarqué sous la pression des « katibas » qui règnent en maîtres dans ce pays.

Notre approche n'a pas varié tout au long de nos travaux. Nous nous sommes demandé s'il s'agissait d'un mouvement global ou bien s'il existait des spécificités selon les pays, si l'on assistait à la naissance de la démocratie dans un cadre arabo-islamique, et dans quelles conditions, quelle était la place de l'islam, très prégnant, mais selon des degrés divers, quelle était la place de l'armée et de la police, souvent plus importante, notamment en Tunisie, et enfin ce que l'on pouvait en conclure pour notre propre action politique.

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