Intervention de Alain Brocq

Réunion du 22 janvier 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Alain Brocq, président de Cristalens Industrie :

Je veux revenir sur le rôle du chef d'entreprise. Son principal souci est de trouver un marché porteur et d'inventer un produit adapté à ce dernier. Quelles que soient les aides proposées, sans ces deux éléments, vous allez droit dans le mur. Pour atteindre ces objectifs, il faut beaucoup de R&D.

Je ne partage pas l'avis de M. Tankéré sur les contreparties à la baisse des charges. L'objectif premier du chef d'entreprise n'est pas de créer de l'emploi mais de créer des richesses, susceptibles de maintenir en vie son entreprise.

Cristalens compte 48 salariés. Pour conquérir des marchés à l'export, nous ne pouvons pas continuer à embaucher ou à investir dans des machines, nous devons travailler sur les gains de productivité. Quand un concurrent américain propose un implant, même inférieur en qualité, à un prix moindre de 20 %, vous devez vous battre.

Le coût de la main-d'oeuvre est ce qu'il est. Depuis que je suis en âge de comprendre, j'entends le même refrain sur le poids des charges. Nous ne pourrons pas faire la différence sur ce plan : il faut améliorer la productivité, ce qui suppose des inventions et du personnel. Seuls les volumes permettent d'engager du personnel.

Nous avons de grands projets à l'export. Mais ils ne se traduiront pas par des recrutements significatifs avant trois ou quatre ans. Quand un politique vient me dire : je vous aide à condition que vous m'apportiez la preuve que…je réponds non, je ne peux pas m'engager alors que j'ai suffisamment de soucis à gagner des parts de marché ; je préfère me débrouiller tout seul. Un tel discours n'est pas approprié. Cela ne marchera pas.

Notre préoccupation à tous ici est d'exister, d'avoir un produit adapté au moindre coût. C'est le volume de production qui crée les emplois.

En matière d'exportation, je dois reconnaître l'importance du réseau. Je pense aux grands groupes. À Lannion, Alcatel a toujours joué un rôle important en nous prêtant des locaux, en mettant à disposition des ingénieurs ou en nous présentant aux élus. De même, les écoles d'ingénieurs et les universités ou encore les CHU cherchent aujourd'hui à développer les liens avec l'industrie. Notre matière première n'aurait jamais été inventée sans le concours des écoles d'ingénieurs et des universités. Les échanges entre les PME et l'université, d'une part, et les grands groupes, d'autre part, sont indispensables, il faut les encourager.

Lorsque vous sollicitez la BPI et les banques, vous passez un test. Si votre projet tient la route et que vous faites preuve de dynamisme, les banques vous suivront. Elles ne sont pas masochistes. À mes débuts, j'ai plusieurs fois dû revoir ma copie parce que les banques n'étaient pas convaincues mais leurs réserves étaient fondées. J'entends trop souvent des chefs d'entreprise dire que les banques sont des imbéciles qui ne comprennent rien. Ce n'est pas vrai qu'elles refusent de prêter de l'argent.

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