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Intervention de Laurent Picard

Réunion du 22 janvier 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Laurent Picard, directeur-général de Bookeen :

La compétitivité exige de se démarquer de la concurrence par l'innovation. Les filières technologiques existent. La formation des ingénieurs est de qualité. Mais, dans les domaines les plus porteurs, nous manquons de personnel qualifié. La faute en revient peut-être à l'orientation. L'inertie du milieu scolaire empêche d'anticiper les évolutions et de s'y adapter rapidement.

Compte tenu de l'état du tissu industriel français, la seule solution consiste à privilégier la qualité. On ne peut pas lutter avec le marché asiatique en raison de l'avantage comparatif que constitue la main-d'oeuvre. Dans notre entreprise, la R&D est faite en France et la fabrication en Chine. Il en va de même pour nos concurrents. Tous les produits américains sont fabriqués en Chine. La conception industrielle, contrairement à la production, a encore sa place en France. Le salut de l'industrie française passe par des produits haut de gamme.

Les marchés fonctionnent comme des vases communicants. En Chine, les usines sont aujourd'hui délocalisées en quête d'une main-d'oeuvre toujours meilleur marché. Mais ce phénomène trouvera ses limites : face à la demande de produits haut de gamme et l'élévation du niveau de vie des Chinois, peut-être les usines low cost seront-elles installées demain en Afrique. Les écarts de niveau de vie de la population mondiale vont se réduire. Peut-être la production industrielle généraliste reviendra-t-elle en France dans cinquante ans ? Mais aujourd'hui, les usines qui fabriquent des millions d'appareils se trouvent en Asie. On ne peut pas lutter contre cela. En revanche, nous devons développer en France les produits haut de gamme. L'Allemagne réussit bien mieux que nous parce que la culture et l'image de l'industrie y sont plus fortes. Il faut dire et répéter qu'il y a de belles usines en France.

Quant aux mesures urgentes à prendre, elles doivent certes porter sur le coût du travail mais j'insiste sur la flexibilité. Nous devons pouvoir embaucher plus facilement et réduire la voilure quand l'activité l'exige. Le droit du travail français est trop contraignant. On prend de trop grands risques pour l'entreprise en embauchant massivement lorsque cette dernière est en croissance.

La culture de l'entrepreneuriat évolue, et c'est heureux. La France compte de belles réussites, des chefs d'entreprise, partis de rien ou ayant repris une entreprise, qui connaissent de grands succès. Nous avons besoin d'entrepreneurs mais aussi que ceux-ci travaillent ensemble. En Allemagne, des concurrents sont capables de s'associer pour proposer une offre face à un produit américain alors que les Français évitent de travailler entre eux. C'est choquant. Nous nous privons d'armes que nos concurrents détiennent.

Je ne vois pas dans la protection renforcée du marché européen une solution. Nous combattons tous avec les mêmes armes en obéissant aux mêmes règles – les mêmes taxes s'appliquent pour les produits américains et européens. Je ne constate pas de distorsion de concurrence. Les difficultés que nous pouvons rencontrer sont liées à la classification douanière.

Je ne peux pas aujourd'hui me prononcer sur les annonces récentes du Président de la République en termes d'emplois. J'attends des précisions pour en mesurer les conséquences éventuelles pour mon entreprise.

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