Intervention de Jacques Tankéré

Réunion du 22 janvier 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Jacques Tankéré, président de MDB Texinov :

Vous avez raison de souligner la fragilité de nos entreprises. Même si ces entreprises sont dynamiques, les remises en cause sont quotidiennes. Cette fragilité est liée à l'environnement. La dynamique, la volonté, les marchés et l'innovation sont là. Vous l'avez dit, le premier métier du chef d'entreprise consiste à se différencier de ses concurrents pour se faire une place sur le marché. Mais nous ne pouvons nous développer que dans un certain contexte. Le déclin de la culture industrielle, ces vingt dernières années, est à cet égard dramatique.

En tant qu'élus vous portez le contrat social, dites-vous. Mais, rassurez-vous, nous le faisons aussi, comme citoyens et comme représentants de l'élite économique. Il ne faut pas avoir peur de le dire même si le mot est devenu tabou. À cet égard, je regrette la faillite des élites françaises. Osons dire que nous avons un rôle à jouer. Un directeur d'école d'ingénieur m'avait accueilli en me disant « Vous avez le droit de faire des études pour servir votre pays ». Malheureusement, c'est un discours que je n'entends plus et que je n'ai jamais entendu de la part des dirigeants des écoles de commerce. La perte de la culture scientifique et industrielle commence lors de la formation. Je suis très inquiet.

Comment répondre à la question sur les réformes prioritaires ? Notre réponse doit être suffisamment audible pour que vous puissiez la mettre en oeuvre rapidement. Face aux besoins, les choses semblent malheureusement avancer à un train de sénateur…

S'agissant des contreparties, contrairement à mon collègue, je pense que les entreprises peuvent prendre des engagements. Si la baisse des charges est réelle et accompagnée de mesures choc, les entreprises embaucheront vite. Nous avons pris l'habitude de ne pas investir suffisamment dans le capital humain. Or l'investissement humain est le plus long car le salarié parachève sa formation dans l'entreprise. Aujourd'hui, on embauche sous la contrainte. Il y a bien longtemps que l'on ne parle plus de gestion prévisionnelle. Je suis convaincu que si la rentabilité est de retour, les entreprises recruteront car elles savent que les emplois sont un facteur de croissance. Prenez donc le risque de baisser massivement les charges !

Comment financer cette baisse ? Limitons les importations ! Ne soyons pas les plus naïfs ! Les Européens, et les Français encore plus, font preuve de la plus grande naïveté sur le protectionnisme. Êtes-vous capables d'en finir avec les débats stériles et les chamailleries pour prendre des décisions ? La TVA me paraît une piste intéressante pour taxer les produits qui rentrent sur le marché européen puisque les fonctionnaires européens ont dans leur grande générosité ouvert grand les portes. En Russie, mes produits sont taxés à 25 %. En Inde, où je ne parviens pas à les vendre, ils sont taxés à près de 30 % alors que les taxes européennes sur ces mêmes produits ne dépassent pas 7 %. Le même problème se pose avec le Brésil. Faisons quelque chose ! La TVA est là pour ça !

De grâce, simplifiez le droit du travail, mais sans attendre ! Inutile de créer une énième commission. Vous pourriez fixer un objectif en kilos : le droit du travail pesait 500 grammes après les lois Auroux.

Votre remarque, madame la députée, m'a blessé. Mais arrêtons de plaisanter et de nous chamailler. Nous parlons de choses sérieuses. Ce sont les Français et les 4 millions de chômeurs qui sont concernés. Les citoyens attendent beaucoup de vous – même si les sondages disent le contraire – comme de nous. Allons-y !

Il faut enfin encourager le travail et éliminer les aberrations de l'indemnisation des chômeurs. Je peux vous citer plusieurs exemples flagrants. Vous connaissez certainement aussi des professionnels de l'indemnisation. Je suis, comme vous, attaché à la protection sociale. Il ne s'agit pas de la remettre en cause mais de la sauvegarder.

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