Intervention de Arnaud Richard

Séance en hémicycle du 28 janvier 2014 à 15h00
Débat sur le rapport relatif à l'évaluation des politiques publiques en faveur de la mobilité sociale des jeunes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Richard :

Je tiens à féliciter nos collègues Jean-Frédéric Poisson et Régis Juanico pour leur travail. Ce rapport est remarquable.

Le constat est connu : dans notre système éducatif, le destin des élèves se fige assez tôt. Cela ne concerne pas seulement les jeunes les plus fragiles : nous devons aussi nous inquiéter du sort de celles et ceux qui sont sortis il y a quelques années du système scolaire, même diplômés, qui ne trouvent toujours pas d’emploi et se retrouvent dans une situation de chômage de longue durée.

Cette situation est encore aggravée par une gouvernance proprement illisible – le schéma que vous nous avez montré, mes chers collègues, est assez édifiant à cet égard, et montre la complexité des relations entre les acteurs territoriaux et les services de l’État. À cause de cela, en France, le taux d’emploi des jeunes de seize à vingt-cinq ans – qui représentent une population de 8,2 millions de personnes – est inférieur de plus de quatre points à la moyenne européenne.

Je partage l’avis de Mme la ministre à propos du terme « décrochage » : il n’est pas très bon, mais nous n’avons pas encore trouvé de terme plus adéquat. À ce sujet, je ne suis pas d’accord avec la proposition de Mme Pinville : parler de « persévérance scolaire » me paraît un peu angélique. Je suis en revanche d’accord avec mes collègues sur le fait que l’objectif de 20 000 « raccrochages » ou « nouvelles persévérances scolaires » n’est pas à la hauteur : il en faut plus pour stopper cette gangrène.

Nous sommes confrontés à un paradoxe, car les moyens à la disposition des acteurs sont importants : plusieurs dizaines de milliards d’euros. Cependant la dispersion des dispositifs fait des politiques de l’emploi un véritable maquis ce qui nuit à leur efficience, et donc aux résultats.

Madame la ministre, pouvez-vous me rassurer sur les moyens prévus pour la réussite éducative ? Ce dispositif me tient à coeur, en tant qu’ancien collaborateur de Jean-Louis Borloo qui l’avait mis en place dans le cadre de son plan de cohésion sociale.

Nos rapporteurs ont parlé de tirer les conséquences et d’évaluer ces dispositifs : je préférerais pour ma part qu’on les évalue d’abord et qu’on tire les conséquences de cette évaluation ensuite…

Un certain nombre des mesures préconisées sont remarquables, en particulier le parcours individualisé de découverte des métiers et des formations à partir de la classe de sixième. Le rapport évoque l’apprentissage, dont ma collègue a déjà parlé : c’est pour moi une grande source d’inquiétude. M. Sapin nous a rassuré il y a quelques mois, en nosu assurant que tout ira bien pour l’apprentissage ; je crains fort que ce ne soit pas le cas.

Dernière question – qui est en même temps une proposition : ne croyez-vous pas, messieurs les rapporteurs, que tout cela devrait être organisé par bassin d’emploi, autour du sous-préfet et du service public de l’emploi local ? On sait malheureusement que souvent les SPEL ne se réunissent qu’une fois par mois. La coordination de l’ensemble des acteurs doit donc se faire autour du sous-préfet, avec une implication plus forte des partenaires sociaux pour un paritarisme territorial.

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