Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 30 janvier 2014 à 9h30
Questions orales sans débat — Affaire dite dieudonné et lutte contre le racisme et l'antisémitisme

Manuel Valls, ministre de l’intérieur :

Je joins aux vôtres mes voeux de prompt rétablissement à Jean-Louis Borloo.

Merci, cher Meyer Habib, pour vos propos de soutien. J’ai apprécié que vous soyez toujours à mes côtés dans un combat qui doit réunir tous les républicains. Ce combat était important, non parce qu’il s’agissait d’un problème personnel, mais parce qu’il a permis de révéler l’importance de ce mouvement, la constitution de ce que j’ai appelé un véritable parti antisémite dans notre pays, ainsi que les connexions entre ce personnage, qui n’est en rien un humoriste, et différents secteurs de l’extrême droite identitaire ainsi que des mouvements et groupuscules antisémites qui font de la haine du juif leur fonds de commerce. Le mouvement préoccupant, orchestré par Farida Belghoul, proche d’Alain Soral, visant à faire peur aux parents sur un prétendu enseignement de la théorie du genre à l’école, montre ces connexions.

Ce que nous avons connu dimanche, à Paris, en est une autre illustration. Jamais dans notre pays, depuis des décennies, on n’avait hurlé des slogans antisémites, racistes, homophobes, antimusulmans, avec une telle force. Nous devons agir, notamment sur internet même si c’est difficile. Le Gouvernement y est très attentif. À l’issue de cette séance, je vais m’adresser à l’ensemble des responsables de la police judiciaire, notamment sur notre action en matière de lutte contre la cybercriminalité.

Cette affaire a peut-être aussi réveillé beaucoup de monde, y compris au sein des services de l’État. Toute une série d’actions judiciaires et administratives ont pu être ainsi mises en oeuvre, et c’est une bonne chose. Vous y avez fait allusion, je ne les commenterai pas ; elles sont menées sous l’autorité du parquet. Il faut aller jusqu’au bout.

De ce point de vue, l’interpellation, grâce au travail de la police, d’un individu ayant fait un geste, qui est effectivement un signe antisémite, devant l’école martyrisée à Toulouse, est une bonne chose. Il faut continuer et ne rien lâcher.

Vous signalez la lenteur de l’exécution des condamnations pénales dont a fait l’objet ce personnage. C’est un sujet de préoccupation que nous partageons avec la garde des sceaux. Nous travaillons de concert avec le ministère des finances, et notamment avec le Trésor public, en charge du recouvrement des amendes pénales. Aucun citoyen ne peut être au-dessus des lois.

Vous proposez, enfin, une modification législative afin de compléter le code pénal et la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Je connais votre attachement aux valeurs de la République et votre détermination sans faille dans le combat contre le racisme et l’antisémitisme. Cette proposition concrétise votre engagement. Je vous propose que nous continuions à y travailler avec mon cabinet. Un travail supplémentaire semble en effet nécessaire afin de s’assurer de la pleine conformité de ce texte au principe de légalité des délits et des peines. Nous avons eu ce débat au moment de la loi anti-terroriste, sur les modifications de la loi de 1881, très protectrice de la presse, et sur internet. Je vous propose, sur tous ces sujets, de continuer à travailler. Le Gouvernement regarde cette proposition avec beaucoup d’attention, de sérieux et même de sympathie, si vous me permettez cette expression ; je pense que nous avons besoin d’un travail supplémentaire, pour voir si elle peut recevoir le soutien du Gouvernement. Vous pouvez en tout cas compter sur ma très grande attention.

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