Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du 25 février 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises en centrafrique débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Cet appui s’impose pour que nous puissions nous extraire de ce huis-clos.

Paris s’honorerait d’être à l’initiative d’une conférence internationale pour la paix et le développement en Centrafrique et dans la sous-région, conférence qui devrait avoir pour objectifs la construction d’une solution politique partagée, l’arrêt des ingérences extérieures, l’unité du pays face aux menaces de partition, ainsi que la reconstruction de l’État, des services régaliens et des services publics dévastés ou inexistants en dehors de Bangui. Ce sont là autant de conditions pour que la République Centrafricaine recouvre sa souveraineté, et donc la paix. Du reste, aucune solution politique ne sera viable sans un changement de paradigme pour le développement du pays. Pour sortir la Centrafrique du cycle des crises, il faut des réponses structurelles.

L’effondrement de la Centrafrique a des causes profondes, liées aux multiples ingérences et dominations jalonnant l’histoire de ce pays. Encore aujourd’hui, pendant que la barbarie se déchaîne, le pillage des ressources se poursuit. Aucune issue ne sera possible tant que la République Centrafricaine n’aura pas retrouvé sa pleine souveraineté. En cela, les richesses du sol et du sous-sol doivent revenir au peuple centrafricain. C’est pourquoi nous proposons que les richesses du pays soient désormais considérées comme des biens publics. Les filières diamantifères, aurifères et forestières pourraient dès lors être placées sous contrôle public du peuple centrafricain. De même, les contrats en cours ou à venir dans l’extraction minière, de l’uranium et du pétrole devraient être rendus publics et bénéficier au développement du pays.

À l’image de la France qui s’est dotée d’une architecture permettant la reconstruction après les années de guerre et d’occupation en 1945, la Centrafrique doit se réapproprier ses richesses pour mettre un terme aux ingérences et aux conflits. La France, qui porte une lourde responsabilité historique dans ce désastre, a une dette incommensurable envers le peuple centrafricain. Elle pourrait agir en ce sens pour ouvrir de nouvelles relations de respect et de co-développement.

De fait, ni la guerre ni la force ne représentent la solution de sortie de crise. Il ne peut y avoir de solution uniquement militaire. La solution est avant tout politique ; elle n’est pas unilatérale, mais multilatérale. Et surtout, elle n’appartient pas à la France mais au peuple centrafricain.

Nous espérons que la majorité entendra enfin notre voix, celle de la sagesse et de la responsabilité, celle qui devrait guider nos relations avec l’Afrique dans le respect de ses peuples. Un tel respect impose de leur donner les moyens de construire, de manière pérenne, leur pleine souveraineté et de se réapproprier leurs richesses.

Au nom des principes et des valeurs qui viennent d’être exposés, les parlementaires du Front de gauche refusent de signer un blanc-seing en faveur de l’intervention française. Cependant, face à cette situation de chaos, nous ne pouvons aujourd’hui retirer nos troupes et abandonner le peuple centrafricain à son triste sort.

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