Intervention de François Brottes

Réunion du 9 avril 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes, président :

Nous traiterons ce matin, avec nos invités, du tourisme français confronté à une concurrence acérée. Le représentant du groupe Accor qui devait nous rejoindre est empêché, et nous n'avons pu mobiliser de représentants des sites de réservation en ligne ; ces absences seront pour partie compensées par la présence de M. Georges Panayotis, président de MKG Group, qui analysera les mutations du secteur de l'hôtellerie.

Le tourisme, qui était depuis 2007 rattaché à Bercy, relève non sans logique, depuis la formation du nouveau Gouvernement, de la compétence du ministère des affaires étrangères et du développement international. La politique gouvernementale en matière de tourisme avait fait l'objet d'une communication en conseil des ministres de Mme Sylvia Pinel, alors ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme, le 11 juillet 2012. La ministre en avait défini les quatre axes prioritaires : structuration d'une filière de l'industrie touristique, amélioration de la qualité de l'offre en matière d'accueil et d'hébergement, meilleure structuration de l'offre touristique dans les territoires, encouragement à l'accès de tous aux vacances. Puis ont été lancées les Assises du tourisme ; cette consultation nationale devait aboutir à des propositions, et je ne doute pas que le successeur de Mme Sylvia Pinel aura à coeur de donner suite aux travaux réalisés. Par ailleurs, la mission d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée mène actuellement une étude sur la fiscalité du tourisme, dont les conclusions devraient être rendues avant l'été 2014.

Je rappellerai, pour engager le débat, les chiffres-clés du tourisme français. La France est, devant les États-Unis, la Chine et l'Espagne, la première destination touristique mondiale avec 83 millions de visiteurs internationaux en 2012, soit 1,8 % de plus qu'en 2011.

Si plus de 83 % des touristes étrangers visitant la France viennent d'Europe, ce sont désormais les clients en provenance des pays émergents, notamment d'Asie, qui alimentent pour l'essentiel la progression du tourisme international en France ; la clientèle chinoise a ainsi progressé de 23,3 % et la clientèle brésilienne de 21 %.

Mais la France, première destination touristique du monde en nombre de visiteurs, se classe au troisième rang en volume de recettes généré par le tourisme international, derrière les États-Unis et l'Espagne, et elle est désormais talonnée par la Chine. Un effort significatif est donc nécessaire pour valoriser l'accueil des visiteurs. On observe toutefois, depuis 2012, l'accroissement de la durée des séjours et du nombre de nuitées, élément qui constituait jusqu'à présent un point faible du tourisme français. En effet, la position de première destination mondiale touristique en nombre de visiteurs s'explique en grande partie par le nombre de touristes qui transitent par la France : 16,8 % n'y demeurent qu'une nuit, 31 % deux nuits ou moins. La dépense quotidienne moyenne d'un touriste étranger en France est de 62 euros.

La contribution du tourisme à l'amélioration du compte des transactions courantes est essentielle : le solde de la balance touristique en 2012 s'est traduit par un excédent de 11,3 milliards d'euros. Mais l'excédent dégagé par le tourisme espagnol s'est élevé la même année à 31,6 milliards d'euros, et l'excédent des États-Unis à 42,8 milliards d'euros.

Troisième pays récepteur de recettes touristiques, la France est également le sixième pays émetteur de dépenses touristiques internationales, derrière la Chine, les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Russie.

La part relative du tourisme des Français en France représente environ deux tiers de la consommation touristique intérieure – c'est dire son importance. Toutefois, c'est principalement grâce au tourisme international que l'économie touristique a résisté à la crise et continue de croître.

On dénombre près de 275 000 entreprises dans le secteur touristique, soit 1,1 million d'emplois directs et un million d'emplois induits. La moitié des salariés de l'économie touristique sont employés dans trois régions : Île-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les autres régions françaises doivent s'attacher à stimuler ce secteur.

La France se caractérisant par la diversité de ses espaces, les voyages se répartissent entre le tourisme rural pour 34,3 %, soit 30,3 % des nuitées ; le tourisme urbain pour 29,4 %, soit 21,4 % des nuitées, le tourisme littoral pour 22,3 %, soit 30,8 % des nuitées et le tourisme de montagne pour 10,6 %, soit 13,4 % des nuitées.

L'offre d'hébergement marchand au 1er janvier 2013 se répartit comme suit, en nombre de lits marchands : hôtels de tourisme, 21,5 % ; résidence de tourisme, 12,2 % ; campings, 47,2 % ; villages de vacances et maisons familiales, 4,7 % ; auberges de jeunesse, 0,6 % ; meublés classés de tourisme, 12,6 % ; chambres d'hôtes, 1,2 %. Bien entendu, ces statistiques ne disent rien des locations non déclarées – les chambres, maisons ou appartements que les propriétaires louent lorsqu'ils s'absentent –, qui participent pour une part non négligeable à l'accueil des touristes.

On recense en France 38 sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, 45 000 monuments historiques classés ou inscrits, 8 000 musées, 4 000 sites et événements touristiques accueillant au total 300 millions de visites. Ce patrimoine considérable est connu pour être exceptionnel par les étrangers.

Il se dit que le secteur du tourisme, en France, est éclaté et peu organisé ; que l'accueil traditionnel, quelque peu archaïque, perd des parts de marché ; que la qualité même de l'accueil laisse parfois à désirer ; que se pose la question du travail dominical ; que toutes les réservations ne peuvent pas encore se faire avec une carte bancaire… Des progrès sont donc nécessaires.

Sur un autre plan, le poids croissant des centrales de réservation en ligne suscite l'inquiétude des hôteliers : un service leur est certes rendu mais pour un coût certain, et ils ne peuvent se dispenser d'être référencés, au risque, sinon, de perdre toute visibilité, singulièrement pour les touristes étrangers. On constate par ailleurs la dégradation continue de l'immobilier de loisir en stations, et l'évolution du tourisme social ne s'est pas faite comme il aurait été souhaitable. Enfin, les touristes sont maintenant des « zappeurs », et il faut parvenir à retenir les voyageurs infidèles. D'une manière générale, l'essor du tourisme en France est menacé, alors que d'autres pays – on pense, par exemple, à la Croatie – multiplient les efforts.

C'est de toutes ces questions que nous traiterons avec nos invités, et pour commencer avec M. Christian Delom.

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