Intervention de Olivier Colcombet

Réunion du 9 avril 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Olivier Colcombet, président du directoire de Belambra Clubs :

Je vous remercie de m'avoir invité à faire valoir le point de vue d'un opérateur du secteur du tourisme.

La spécificité de Belambra est son implantation française. Nous offrons 58 destinations en France, avec une capacité de 40 000 lits. Notre chiffre d'affaires annuel est d'environ 170 millions d'euros. J'ai la fierté d'avoir pris en mains le destin de Villages vacances familles (VVF) il y a quinze ans, mission m'étant confiée par la Caisse des dépôts de relancer cette affaire. Cela supposait de nombreuses adaptations à la modernité, ce que nous nous sommes efforcés de faire en développant une politique de l'offre conforme aux attentes des familles françaises et étrangères. Actuellement, 15 % de nos clients sont étrangers, mais ils constituent une part bien plus importante de notre clientèle dans nos villages situés dans les stations de sports d'hiver et sur la côte méditerranéenne.

Nous pratiquons une politique de l'offre orientée vers les classes moyennes, très nombreuses en France et dans les pays voisins. Elles ont de fortes exigences, qu'il s'agisse de prestations ou de qualité. Les vacances « à l'hôtel » sont un luxe. On souhaite que les repas soient servis et qu'ils soient abondants et variés ; on veut des logements de grande qualité, une literie impeccable, et que les enfants soient accueillis par des professionnels. Tout cela a un coût très élevé. Pour répondre à cette demande, il faut industrialiser les procédures, normaliser les prestations et faire des enquêtes de satisfaction. Chaque année, nous recevons quelque 100 000 familles, et nous recueillons les réponses à 30 000 enquêtes de satisfaction longues de plus d'une centaine de questions, étudiant en permanence les attentes de notre clientèle pour nous y adapter.

Ce métier, difficile, ne permet pas de dégager une rentabilité très élevée car, à la différence des établissements du groupe Accor par exemple, les nôtres sont fermés six mois par an. Dans ce contexte, c'est une gymnastique très compliquée que de parvenir à dégager une marge d'exploitation réelle – à savoir un résultat d'exploitation diminué des investissements nécessaires pour maintenir le parc immobilier à flot.

L'exercice est d'autant plus difficile que nous sommes confrontés à une concurrence extrêmement rude. Nous essayons de garder la maîtrise de la distribution – ce qui ne signifie pas que nous n'ayons pas recours à quelques distributeurs – afin de mettre en valeur avec nos mots notre philosophie et la spécificité de notre offre.

Nous avons la satisfaction d'avoir sauvé VVF sous la marque Belambra, créée il y a six ans pour exprimer le renouveau. Nous avons pour ambition d'élargir nos capacités d'accueil pour diluer nos charges fixes, très élevées.

La France est une destination très favorable à notre activité, mais j'approuve l'analyse de la conjoncture faite par M. Panayotis. Alors que notre activité a été relativement soutenue jusqu'en 2013 – certes, notre croissance s'est tassée, mais nous avons réussi à traverser la crise –, nous ressentons très nettement, depuis la fin de l'année dernière, une rupture de la tendance favorable. Si, dans les stations de sports d'hiver, les professionnels font état du maintien du nombre de nuitées, le prix moyen est affecté, ce qui se traduit par un chiffre d'affaires en baisse de 4 %. Il est encore beaucoup trop tôt pour se faire une idée précise des réservations pour l'été mais, à voir le carnet de commandes, la tendance est également à une baisse de 4 %.

Nous avons réagi en cherchant à stimuler la demande, et vous avez sans doute vu les publicités pour notre marque apposées sur les taxis de plusieurs grandes villes. Mais outre qu'il nous est impossible de répercuter l'augmentation de la TVA sur notre clientèle, nous avons dû cette année baisser nos prix pour freiner l'inflation progressive des tarifs à laquelle, comme nos confrères, nous avons été contraints de procéder au fil du temps pour répercuter la hausse de nos coûts et des contraintes diverses auxquelles nous avons été soumis. Aujourd'hui, les clients n'achètent plus qu'avec des remises pharamineuses. C'est évidemment un désordre ; nous essayons néanmoins de provoquer la demande de cette manière.

Notre métier, je le redis, est difficile, mais nous avons des atouts réels et j'ai confiance en la capacité de notre maison à faire face aux défis à venir.

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