Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 16 avril 2014 à 16h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Le temps me manque malheureusement pour vous répondre de manière détaillée ; je regrouperai donc mes réponses en fonction des thèmes majeurs choisis par les orateurs. Dans la bande sahélo-saharienne, nous prévoyons, je vous l'ai dit, l'implantation de quatre pôles – à Gao, N'Djamena, Niamey et Ouagadougou – ainsi que des points de pré-positionnement au Nord. Ce déploiement de 3 000 hommes, fruit d'accords passés avec les gouvernements de tous les pays concernés, est l'objet d'un financement OPEX. Les forces de Licorne et de Dakar sont des forces pré-positionnées classiques, financées à ce titre par le budget de la Défense.

C'est exact, il n'y a plus d'État en RCA, la présidente de la transition manquant fâcheusement de moyens pour restaurer l'autorité publique et en particulier la chaîne pénale qui permettrait de rétablir la sécurité quotidienne. Ainsi, une prison a bien été ouverte, mais, les fonctionnaires pénitentiaires n'étant pas payés, elle a très vite été trop grande ouverte. Grâce à une action soutenue de la France, les traitements des fonctionnaires sont désormais versés, mais c'est le seul bilan significatif dont la présidente de la transition peut faire état. Il faut parvenir à assurer la sécurité quotidienne de la population ; c'est ce dont sera chargée la mission européenne, forte de 800 militaires dont 120 gendarmes, parmi lesquels 55 gendarmes français. Cette force a aussi pour mission d'accompagner la constitution de la gendarmerie centrafricaine. La France contribue pour près de moitié à la mission européenne. Les autres pays participants sont l'Espagne, l'Estonie, l'Italie, la Lettonie, le Portugal ainsi que la Pologne, qui enverra des gendarmes ; se joint à eux la Géorgie, qui a décidé l'envoi d'un contingent. J'espère que ces contributions seront suivies d'autres, mais vous savez que pour parvenir à ce premier résultat il nous a fallu oeuvrer avec une grande ténacité. Le quartier général d'opération d'EUFOR RCA est établi en Grèce, sous le commandement du général français Philippe Pontiès.

La participation de la brigade franco-allemande à EUTM Mali est de 120 Allemands et de 70 Français. Je précise qu'il s'agit de formateurs, non de combattants.

Je ne pense pas que le retrait du contingent tchadien de RCA soit une bonne chose et j'ai eu l'occasion de le dire au président Déby, ulcéré par les reproches faits à ses troupes. Je rappelle que des forces tchadiennes sont toujours présentes au Mali. La RCA compte une nombreuse population d'origine tchadienne et la présence de ce contingent constituait une forme d'assurance pour les communautés musulmanes centrafricaines. Son départ surprise, qui répond aussi à des considérations internes au Tchad, n'est pas satisfaisant. Une solution politique devra être trouvée avec les pays africains : la France peut dire qu'elle juge la situation préoccupante et qu'elle souhaite la relance du processus de réconciliation nationale mais, pas davantage qu'au Mali, elle ne peut se substituer aux intéressés.

La force de maintien de la paix des Nations unies sera déployée à partir du 15 septembre en RCA. Il est vrai que c'est tard, parce que la saison des pluies commence ; mais EUFOR sera arrivée avant cela, de même que les 200 civils qui sont notamment chargés de préparer les élections prévues en février prochain.

En RCA, l'uranium n'est pas exploité. Les diamants le sont de manière artisanale ; ils sont vendus au marché noir, à l'Est du pays, tenu par les ex-Séléka, et ils font l'objet de divers trafics.

Je n'ai pas connaissance que des armes aient été volées à nos soldats.

L'accord de défense avec le Mali est un accord de coopération classique, renouvelé, qui prévoit des actions de formation, d'accompagnement et d'échanges.

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