Intervention de Dominique Bidou

Réunion du 30 avril 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Dominique Bidou, président du Centre d'information et de documentation sur le bruit, CIDB, consultant en développement durable :

Voilà environ trente-cinq ans que la politique française du bruit a été formalisée et la dernière édition des Assises de l'environnement sonore, que nous organisons régulièrement, faisait le bilan de trente années de progrès – tant juridiques, avec la loi et les décrets, notamment en matière de réglementation acoustique pour les bâtiments, que techniques, avec par exemple des moteurs, des pneus et des chaussées moins bruyants.

En revanche, les aspects culturels ont été peu abordés, malgré des manifestations telles que la Semaine du son. Or, l'exigence en matière de bruit s'est accrue. Ainsi, parmi les nombreux appels téléphoniques qu'il reçoit, le CIDB est saisi de questions sur le bruit des enfants dans les écoles, qui auraient été impensables voilà quelques années. Il faudra bien répondre à ces nouvelles questions.

On pourrait dire, pour transposer une phrase célèbre, que « le bruit, c'est les autres ». L'intolérance n'est pas loin et le bruit est souvent le révélateur de problèmes sociaux. Or, régler le problème du bruit ne règle pas toujours le problème social et il faut en chercher la vraie cause en amont.

Un autre motif de déception, au terme de trente ou trente-cinq années, est l'augmentation du volume des véhicules et des avions, qui réduit les effets de l'amélioration de leur qualité technique. Nous avons beaucoup gagné en matière d'isolation des bâtiments, mais l'augmentation du trafic contrebalance ces bénéfices. Il pourrait être utile, à cet égard, de mener une réflexion comparable à celle qui a été menée sur le droit à polluer : on pourrait définir une quantité maximale de bruit autorisée, puis s'efforcer de la gérer au mieux.

La question du bruit pourrait être intégrée à la modernisation générale, qui touche aussi bien le revêtement des chaussées que les modes de livraison. Une vision globale permettrait ainsi de résoudre à la fois des problèmes d'ordre économique, énergétique et acoustique. Dans nos sociétés, où les responsabilités sont souvent segmentées, cette démarche est parfois difficile, car certaines actions ne motivent pas suffisamment les acteurs concernés, qui craignent de n'y rien gagner isolément : il faut donc consolider différents aspects, afin de pousser les acteurs à se rapprocher les uns des autres.

Je conclurai par un paradoxe : lorsque les forêts sont traversées par des autoroutes, le fait que le bruit dérange les promeneurs a pour effet que la faune sauvage est plus abondante le long de ces autoroutes, où elle est elle-même moins dérangée par les humains…

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