Intervention de Sylvie Lemaire

Réunion du 6 mai 2014 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Sylvie Lemaire, déléguée générale du syndicat du sucre de La Réunion :

La filière « canne-sucre-rhum-bagasse » à La Réunion est une filière historique. Née il y a 230 ans, elle a traversé de nombreuses vicissitudes mais elle perdure car elle est particulièrement adaptée au climat et aux conditions environnementales de notre territoire, contrairement à d'autres cultures comme le café ou les épices. Avec 10 % d'emplois dans l'industrie, la filière « canne-sucre-rhum-bagasse » est la première filière agro-industrielle intégrée et la première filière agricole du territoire de La Réunion dont elle occupe plus de 57 % de la surface agricole utile, regroupant 3 500 exploitations familiales dont la taille moyenne est de 7,5 hectares.

L'industrie est répartie sur l'ensemble du territoire – toutes les communes de l'île sont concernées, à l'exception d'une seule – et elle s'attache non seulement à la fabrication du sucre mais aussi à celle des coproduits : la bagasse, utilisée pour la production d'énergie, la mélasse, destinée à la nourriture animale et à la distillation du rhum, et les écumes utilisées comme fertilisants dans les champs.

La filière totalise 12 000 emplois directs et 18 300 emplois indirects ou induits, ce qui représente 13,3 % de l'emploi privé. Elle a donc un poids significatif dans l'économie de l'île, en particulier en termes d'emploi. Si nous transposions ces chiffres à l'échelle métropolitaine, la filière représenterait 2,3 millions d'emplois, et 4 millions d'emplois au niveau de l'ensemble des DOM. Elle joue donc un rôle considérable.

La filière « canne-sucre-rhum-bagasse » est également la première filière en matière d'exportations. Le sucre représente 50 % de la valeur et 80 % des volumes des exportations, et si l'on ajoute le rhum, la valeur exportée de la filière atteint 66 % des exportations.

La filière est également l'un des piliers de l'agriculture de l'île. La garantie qui lui était donnée par le passé d'écouler toute sa production de canne permettait de sécuriser les revenus des planteurs, de stabiliser leur activité et de diversifier les cultures. C'est ce qui nous a permis d'atteindre 80 % d'autonomie alimentaire dans le domaine des produits frais et de développer des complémentarités entre les filières. Ainsi, la canne à sucre permet aux filières d'élevage d'épandre leurs effluents et, à l'inverse, la filière fournit de la paille pour les élevages et des écumes utilisées pour améliorer la qualité des sols dans le cadre du maraîchage.

Parmi les produits valorisés, la bagasse, en tant que matière organique issue du processus de fabrication du sucre, constitue la deuxième source d'énergie renouvelable du territoire. Elle fournit 12 % de l'électricité produite et jusqu'à 30 % en période de campagne sucrière.

En conclusion, la filière n'a jamais cessé de se développer et d'innover. Les DOM sont les seuls territoires européens qui produisent du sucre de canne, tandis que le sucre produit en Europe est essentiellement issu de la betterave. Le savoir-faire de La Réunion est reconnu dans le monde, en témoigne la présence sur l'île d'un centre de recherche dans le domaine de la sélection variétale. Notre expérience dans ce domaine est telle qu'au cours des six dernières années, cinq innovations mondiales ont été réalisées sur notre territoire.

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