Intervention de Denis Baupin

Réunion du 20 mai 2014 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Madame la ministre, je voulais d'abord vous dire combien le groupe écologiste apprécie vos propos sur l'écologie positive, et sur la capacité de la transition écologique à créer des emplois et à faire gagner du pouvoir d'achat à nos concitoyens. C'est un discours que nous attendions depuis longtemps.

Notre groupe attache une très grande importance à la loi sur la transition énergétique, attendue depuis deux ans. Des engagements ont été pris – sur la lutte contre le dérèglement climatique, sur le mix énergétique et la réduction de la part du nucléaire, sur la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles… Nous dépensons environ 70 milliards d'euros par an en énergies fossiles : le Qatar se sert aujourd'hui de ces milliards pour racheter notre patrimoine par petits morceaux, la Russie pour agir en Ukraine comme l'on sait. (Sourires) La transition énergétique est donc nécessaire d'un point de vue social et environnemental, mais aussi d'un point de vue géopolitique.

La question des énergies renouvelables est dès lors cruciale, et j'approuve une partie des propos de Bertrand Pancher : la France ne sera pas au rendez-vous. Il faut néanmoins rappeler les responsabilités des uns et des autres : lorsque nous avons il y a quelques mois débattu ici même des meilleurs moyens de faciliter le développement des énergies renouvelables, nous avons rencontré de très fortes résistances, à l'UDI, à l'UMP, dans d'autres groupes encore… Nous soutenons fortement, madame la ministre, tout ce qui ira dans le sens d'un choc de simplification en faveur des énergies renouvelables. Il n'est pas normal qu'il faille sept ans en France pour construire une éolienne, quand il en faut quatre en moyenne dans l'ensemble de l'Union européenne. Les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables doivent être pérennes ; ils peuvent évidemment décroître dans le temps, mais il faut d'abord permettre aux filières industrielles de se développer. La loi devra en particulier affirmer clairement qu'à l'horizon 2025, nous nous fixons bien un objectif de 40 % au moins d'énergies renouvelables.

L'efficacité énergétique, et en particulier la rénovation des bâtiments, est l'autre grande question que la loi sur la transition énergétique doit aborder. La conférence bancaire et financière annoncée par le Président de la République sera un rendez-vous important : pouvez-vous nous en dire un peu plus sur son calendrier et sa préparation ?

Nous avons déjà parlé ensemble, madame la ministre, de la question de la mobilité. À notre sens, il est possible aujourd'hui de développer une mobilité plus efficace d'un point de vue énergétique – grâce au vélo, grâce aux transports collectifs, mais surtout grâce aux véhicules écologiques, c'est-à-dire beaucoup plus sobres en énergie. Mais la future loi devra aussi inciter à une maîtrise de l'énergie dans d'autres secteurs, notamment ceux de la grande consommation et de l'industrie.

S'agissant enfin du nucléaire, quelles que soient les convictions des uns et des autres, l'impossibilité de nous en tenir à la politique proposée par les acteurs de l'industrie nucléaire apparaît aujourd'hui clairement : ils parlent eux-mêmes du « mur d'investissements » nécessaire pour entretenir la filière nucléaire ; or ce seront autant de milliards qui n'iront pas à la transition énergétique et aux énergies renouvelables. Nous devons donc faire des choix : la fuite en avant de l'investissement systématique dans le nucléaire, pour entretenir de vieux réacteurs nucléaires voire en construire de nouveaux, plus coûteux encore, n'est plus possible.

Le président du directoire d'AREVA, Luc Oursel, que la commission d'enquête sur les coûts du nucléaire recevait ce matin, nous disait d'ailleurs que la rentabilité des investissements dans la filière nucléaire s'érodait. À l'inverse, AREVA a remporté récemment l'appel d'offre gouvernemental sur l'éolien offshore : ce sont aujourd'hui les énergies renouvelables qui lui permettent de se développer. Nous pensons que les acteurs industriels de l'énergie – EDF, AREVA, GDF-Suez… – doivent être orientés clairement vers la transition énergétique : c'est le rôle de l'État stratège ; les collectivités locales doivent y contribuer.

Enfin, madame la ministre, pouvez-vous nous confirmer que les permis de gaz de schiste Hess Oil sont bien abandonnés définitivement ?

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